- Une usine de fabrication de membranes en Algérie, est-ce possible ? l’Atelier thématique STM (Algérie-France) sur « les technologies émergentes de séparation pour le traitement de l’eau et de l’air» (TÉSTEA’2023), qui se tient du 30 mai au 01 Juin 2023, à Alger, en a, à juste titre, abordé la plausibilité.
Un plaidoyer à destination des chercheurs algériens a été lancé lors de TÉSTEA’2023, organisé par l’Anvredet en collaboration avec la Chaire Unesco de l’Université de Montpellier et l’Institut européen des membranes (IEM), l’Institut Européen des Membranes (IEM) de Montpellier, pour s’atteler à développer des techniques adaptées au contexte algérien.
La membrane : moins couteuse, modulaire et ayant des équipements disponibles
Car, notamment selon Dr Roger Ben Aim, fondateur et directeur de l’Institut de la filtration et des techniques séparatives (IFTS) de France, « la membrane est une technologie en vigueur depuis une soixantaine d’années, elle est la plus indiquée dans le traitement des eaux. D’autant qu’elle peut contenir proportionnellement plus d’eau pour des gabarits moins volumineux que les autres contenants de l’eau. La membrane est également modulaire, ce qui permet un transfert d’eau plus facile de grande à petite échelle, et moins couteuse. ».
L’Europe : un petit joueur dans la cours des grands
Il a poursuivi en disant : « la membrane demeure très développée aux USA, le Japan, la Corée du Sud et, récemment, la Chine. L’Europe, elle, ne présente pas un gros marché du fait que le dessalement ne soit pas aussi attractif; Dans le cas de la France, ce pays a développé la membrane céramique pour la séparation gazière, dédiée au secteur nucléaire.».
La membrane: l’exemple saoudien
De son coté, Noreddine Ghaffour, professeur algérien, depuis 2012, à l’Université Abdullah de l’Arabie Saoudite, indique que « la construction d’une usine de fabrication de membranes n’est pas facile, des pays comme la France et l’Allemagne s’y sont essayé, en vain. En Arabie Saoudite, en revanche, deux usines de fabrication de membranes, dont une japonaise, sont fonctionnelles. »
Digitalisation en masse des futures stations de dessalement
Ghaffour, a en outre, révélé que l’Arabie Saoudite a un grand projet de digitalisation de ses futures stations de dessalement, réelle celui-là, entamé déjà sur une station de dessalement d’une capacité de 300 000 mètres cubes par jour. Le programme est lancé en partenariat avec une Aqua Power, une entreprise saoudienne.
« Il ne se trouve pas, à ma connaissance, un pays africain, sauf l’Afrique du Sud, qui dispose d’une usine de fabrication de membranes. », tient à préciser Abdoulaye Doucoure, président de l’Association africaine des membranes (Amsic).
Amsic : formation massive en technologie des membranes
D’ailleurs, Doucoure attache une grande importance à la présence algérienne dans Amsic, basée au Mali, représentant 10% des 230 membres qui la composent, dont une partie est présente au sein du Conseil d’administration. Le renforcement d’Amsic, fondée en 2014, par des Algériens, est bien souhaité par Abdoulaye Doucour, « dotés de compétences dans le dessalement et les technologies des membranes. », dira-t-il en substance.
Amsic cherche sponsors désespérément
En sus de cela, Doucour lance un appel aux industriels algériens pour sponsoriser les actions de formation de masse critique d’Amsic, comptant déjà en la matière, l’implication des sponsors institutionnels mondiaux, tels que
- l’Association mondiale des membranes,
- la Société européenne des membranes,
- la Société nord-américaine des membranes
Dans le même cadre, Phillipe Miele, ancien directeur de l’IEE et responsable de la Chaire Unesco de l’université de Montpellier, vise l’Algérie via cette « Ecole Technique », comme l’atteste d’ailleurs leur co-organisation de cet atelier et surtout en appliquant « les missions d’une Chaire Unesco qui sont de faire le partage de connaissances en direction des pays du Sud, dont l’Algérie en fait partie. »
Il a, en ce sens, ajouté que « depuis plus de 10 ans, l’Algérie a fait l’objet d’une visite de la Chaire Unesco, mais depuis aucun partenariat avec le pole académique ou avec les industriels. Nous sommes de retour justement pour sceller un partenariat académique et industriel dans un domaine technique très spécifique, pratique et pragmatique, et non seulement confinée dans la recherche tout court. »
Béni Saf Water : sponsor de TÉSTEA’2023
A souligner que TESTEA23 est sponsorisé notamment, par Beni Saf Water (BSW), une jointe-venture entre l’algérienne AEC (Algerian Electric Company) et l’espagnole ACS, basée dans la wilaya d’Ain Témouchent, à l’Ouest de l’Algérie, est en exploitation depuis 2010 et à ce jour, elle a produit prés de 832 millions de mètres cubes d’eau.
Mohamed Chaffai, directeur général de BSW, a révélé que le sponsoring est motivé par l’importance de la thématique retenue, mais aussi, par l’impératif de tester toute nouvelle recherche et technique, notamment, celle liée à la membrane, « élément le plus important en osmose inverse », a-t-il expliqué. Par ailleurs, il a indiqué que la BSW est toujours en développement, comme l’atteste le projet de sonorisation traduit par l’installation des photovoltaiques pour réduire l’impact énergétique.