Intelligence économique (IE), investissement continental, innovation africaine, pragmatisme dans la prise de décision, prédiction à portée pratique, Zone de libre-échange continental, G5, politique du ‘’savoir-faire’’ au lieu de celle du ‘’ce qu’on peut faire’’, etc.
Ce sont là, et tant d’autres, les thèmes développés et projetés dans un cadre événementiel et programmatique, par l’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-AFRIQUE), la nouvelle venue dans la sphère des organisations se voulant comme soutien à l’aide de décision politique sur des bases économiques et interface de propositions pour une Afrique en quête de positionnement international.
« Je suis un amoureux de l’Afrique. L’Afrique ne peut pas être un continent pour rien.», résume cette façon de voir du P-dg de l’AIE-AFRIQUE, Sourou Zié Koné, qui a bien voulue répondre à nos questions. Ecoutons-le.
Parlez-nous de l’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-AFRIQUE) ? Est-elle ouverte à tous ?
Sourou Zié Koné : l’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-AFRIQUE) est un Think and Do Tank international dédiée à l’Afrique, créée en fin 2021 en Côte d’Ivoire et lancée officiellement le 22 janvier 2022.
AIE-AFRIQUE est un outil d’aide à la décision. Pour les États comme les entreprises, c’est un instrument stratégique de développement économique et humain qui permet de mieux connaître ses concurrents, les donneurs d’ordre, les règles et les normes qui peuvent influencer son activité et donc agir sur son environnement au lieu de le subir.
Elle inscrit son projet dans une dimension collective d’intérêt général, en s’ouvrant à tous les publics et en préservant à ses activités un caractère laïc et apolitique.
L’intelligence économique est aujourd’hui perçue partout comme la clé du développement. Selon-vous, pour l’État et l’entreprise en Afrique, serait-elle un atout indéniable non seulement pour le développement du continent, mais surtout pour son positionnement sur l’échiquier international ?
Pour nous, une chose est certaine : dans tous les grands pays du monde et même dans des petits pays l´Intelligence Économique (IE) se pratique et se développe. L’intelligence économique moderne a été définie par Michael Porter, dans les années 80, aux Etats-Unis. Jusqu’au début du 21° siècle, à part les Japonais, les Anglais, les Russes et les Américains, aucune population n’en faisait sérieusement. Seule la France, avec Henri Martre et Bernard Esambert, avait manifesté son intérêt au début des années 90. Depuis 20 ans tous les pays forts ou émergents font de l´intelligence économique (IE) appliquée. Les Chinois se sont particulièrement bien adaptés et ont su en tirer leur épingle du jeu. Les israéliens sont redoutables et les Brésiliens sont très efficaces. Peu à peu, on voit des pays d’Afrique structurer des réseaux d’IE internationaux et former leurs élites à cette discipline. Ainsi l’intelligence économique devient un élément fondamental de la stratégie et un impératif dans la compétition moderne. Elle est indispensable pour la réussite étant plus une obligation qu’un choix. La compétition mondiale c’est comme une course à pied et l’intelligence économique représente dorénavant les chaussures.
L’Intelligence Économique dans ses pratiques et usages d’aujourd’hui, serait-elle comme dernière chance pour un renouveau économique et diplomatique en Afrique ?
Le renouveau économique et diplomatique de l’Afrique passe par une prise en compte froide et objective de la situation à tous les niveaux, y compris celui du politique. Si vous regardez les options internationales prisent par certains États actuels ou instances régionales actuelles, voire même par l’Afrique actuelle, le manque d’analyse est criant. D’où l’erreur répétée. Et les peuples s’en plaignent, les intellectuels s’émeuvent et les dirigeants font la sourde oreille.
A quoi vaut ou je dirais plutôt, à quoi bon une politique au nom d’une société sans l’adhésion de celle-ci ?
On ne fait pas toujours les choix qu’il faut, le sixième sens nous manque.
Ce génie de la lecture, de l’anticipation et de la prédiction qui caractérisent les grands décideurs des puissances mondiales. On parle de défense africaine (le G5) quand les autres africains n’en veulent pas, et la Zone de libre-échange continentale peine à se réaliser.
Beaucoup de discours, de tapes à l’œil pour masquer des incompétences criardes et les initiatives budgétivores de mauvaise appréciation qui n’apporte rien aux africains sauf à cette poignée de corrompus et de corrupteurs qui s’en servent comme du beurre aux yeux pour encore continuer à maintenir le pauvre peuple sous le joug de leur bassesse morale.
Je pense très sincèrement que : « Il est temps d’abandonner la politique qui consiste à faire ce qu’on peut, pour la remplacer par celle qui consiste à faire ce qu’il faut.»
La pandémie du Covid-19 et la crise Russo-Ukrainienne redéfinissent la géopolitique et la géo-finance mondiale
Que font, dans ce contexte, nos dirigeants pour redéfinir une nouvelle feuille de route qui positionne l’Afrique ?
Les Américains ont négocié les accords d’Abraham qui redéploye tout le Moyen-Orient, et visiblement on n’est pas au courant ou pire on ne l’évalue pas sérieusement. Face à ces erreurs d’appréciation répétitives, on doit se poser la question de l’efficacité de nos approches.
Nos analystes valent ceux des autres pays. C’est dire que la faille est ailleurs : dans la collecte d’informations ou la méfiance des dirigeants vis-à-vis des analystes.
C’est donc un pur problème d’intelligence économique qu’il faut résoudre, qui existe dans de nombreux domaines publics ou privés et semble mortel face à des pays ou des sociétés qui ont su aller chercher les bonnes informations, c’est-à-dire les informations fiables car recoupées. « L’information est le sang de l’entreprise », pour paraphraser Akyo Morita le créateur de Sony.
Réinventer les chaînes de valeur, est-ce une opportunité pour l’Afrique ?
La Chine a toussé et le monde s’est enrhumé. La réalisation de la métaphore prophétique à l’occasion de la pandémie du Covid-19 nous ramène à une réalité désenchantée de la mondialisation et des chaînes de valeur globalisées qui organisent la conception, la production et la circulation des biens manufacturés. Durant les trente dernières années, la structuration des chaînes de valeur mondiales (CVM) a été guidée par la croyance que les progrès des technologies logistiques assureraient, de plus en plus efficacement, la maitrise des coûts, des délais et des risques des chaînes de valeur dispersées sur des espaces géographiques de plus en plus éloignés. Une réinvention des chaînes de valeurs peut être une opportunité pour l’Afrique, en termes d’accroissement et de diversification de la demande, d’intégration des filières de production et de développement de capacités d’innovation, notamment dans les secteurs de l’énergie renouvelable et de l’industrie 4.0.
En illustrant la dépendance de l’économie mondiale à la Chine, l’épidémie du Covid-19 influe déjà sur sa structuration de cette économie. Si l’organisation des chaînes de valeur est l’affaire des stratégies industrielles des entreprises, la crise sanitaire montre qu’elle est également l’affaire des États qui doivent protéger leurs citoyens et renforcer la résilience de leurs économies.
Pouvons-nous en savoir davantage sur le fonctionnement de l’AIE-AFRIQUE et c’est quoi, selon vous, cette envergure continentale que vous vouliez donner à l’investissement ?
L’agenda de l’Agence de l’Intelligence Economique pour l’AFRIQUE (AIE-AFRIQUE) compte organiser beaucoup de programmes et d’évènements internationaux. L’objectif étant de mobiliser l’investissement privé en vue d’une croissance économique régulière et d’un développement durable. Aussi, contribuer au bien-être économique et social des citoyens des pays du continent.
L’AIE-AFRIQUE, propose une liste de questions importantes devant être examinées par tout pays soucieux de créer un environnement favorable à tous les types d’investissement et dont en tirera dividendes la société.
À cet égard, l’AIE-AFRIQUE vise à faire progresser la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) et à mobiliser les financements au service du développement. Elle s’inscrit dans la continuité des efforts mondiaux récents, visant de renforcer l’environnement international et national de l’activité économique.
L’objectif fondamental pour nous, est d’encourager les gouvernants à se poser les bonnes questions sur leur économie, leurs institutions et le cadre de leurs politiques afin de définir des priorités, d’initier les mesures appropriées et de bien évaluer les progrès accomplis.
L’AIE-AFRIQUE n’a pas la prétention de prescrire ni a un caractère impératif.
Sa vocation, flexible, est de formuler et d’évaluer les choix fondamentaux auxquels sont confrontés les pays dans la poursuite du développement au moyen de l’investissement. Finalité recherchée : stimuler le développement socio-économique, la réduction de la pauvreté et atteindre une économie formelle forte.
A vous écouter, la vision de l’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-AFRIQUE) porte sur un enjeu fondamental pour le continent : Comment accélérer l’investissement du secteur privé et créer des emplois ?
Assurément, pour que l’Afrique exprime tout son potentiel pour le bonheur de tous ses gouvernés, toutes les parties devront s’y impliquer
Son principe d’action : créer une plate-forme pour rapprocher la coordination entre les pays africains, les organisations internationales et les partenaires bilatéraux du G20 afin d’appuyer des réformes de l’économie, des entreprises et des secteurs financiers susceptibles d’attirer l’investissement privé.
Le tourisme ne figure-t-il pas dans la redécouverte dont vous parlez dans vos précédentes sorties médiatiques? En quoi l’ingénierie touristique est-elle un outil décisif pour réinventer les destinations afin d’attirer de nouveaux clients ?
L’Afrique est unique dans le paysage mondial. La mise en place d’un cluster, contrainte de non recours à l’intelligence économique aidant, semble incapable de mettre en relief cette singularité.
Le continent à vocation touristique constitue un objet pertinent pour l’intelligence continentale et la mise en réseau des acteurs du continent. Nous traitons dans le cadre d’une démarche inductive de recherche-action, le cas du cluster de tourisme en Afrique qu’il est pertinent d’étudier et d’analyser. Le cluster a beaucoup œuvré au pilotage collectif de la destination de l’Afrique, en amont de l’offre touristique. Il a, en ce sens, susciter plusieurs actions d’analyse et compréhension du continent dans une perspective descriptive et prospective, sauf qu’il doit être adossé à une démarche IE pour qu’il soit pertinent.
Aujourd’hui, l’exploitation des outils de l’ingénierie touristique permet de créer une dynamique économique des États. L’intelligence économique est ici nécessaire afin de s’adapter aux transformations de divers ordres (des clientèles, de leurs pratiques, de l’économie, la numérisation en particulier, de la concurrence des autres lieux, voire du climat, etc.) Pour être plus attractives, les destinations doivent se réinventer sans cesse et proposer de nouvelles expériences aux touristes. Réinventer la destination, c’est innover pour inventer !
Pour conclure…
Nous souhaitons la bienvenue aux partenaires et sponsors, avec toutes celles et ceux qui sont et font l’Afrique, anonymes ou acteurs de l’émergence du continent soient-ils. Convaincus que ces derniers feront vivre l’Académie de l’Intelligence Économique pour l’Afrique (AIE-AFRIQUE) et l’enrichirons.
Ensemble, nous feront la promotion des capacités prospectives et créatives. Notre défi commun sera d’affronter l’inédit et les aléas de transformations radicales dans la bataille mondiale pour l’hégémonie technologique, industrielle, etc.
Nous devrions, au cœur de ces tensions, veiller et œuvrer incessamment à ce que les choix économiques et technologiques s’encastrent véritablement dans la vie sociale.