FIPLAIT-Le SIPSA FILAHA & AGROFOOD, le Salon international de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-industrie, qui s’est tenu du 14 au 17 mars 2022, au Palais des Expositions (Safex), vient d’émettre les recommandations des trois Forums : FIPLAIT, DJAZAQUA et SIAFIL-AGROFOOD-EXPORT, qui l’ont caractérisé comme également un échange de débats et de réflexions à portée pratique.
Dans ce premier article, nous allons communiquer à nos lecteurs, les principales recommandations-adossées à une analyse déterminante des propositions-de FIPLAIT (Forum interprofessionnel du Lait & Produits Laitiers), qui s’est déroulé le 16 mars 2022.
D’emblée les rédacteurs des recommandations, annoncent la couleur : être objectifs en rappelant que « malgré les importants moyens financiers mobilisés par les Gouvernements sous forme de subventions et de crédit, la production laitière nationale, après avoir connu un début de croissance, s’est stabilisée durant ces dernières années, et a même régressée l’année écoulée comme l’attestent les quantités de lait cru collectées par les laiteries (jusqu’à -25%). », un constat sur lequel se basera la formulation des propositions futures.
Ils tiennent à ajouter que, « bien sûr il y a eu la pandémie du Covid-19 avec ses confinements, et aussi la sècheresse, mais cela seule n’explique pas le déficit croissant de la production nationale. »
Le déficit a ‘’justifié’’ l’augmentation de l’importation des laits en poudre (400,000 T/an avec augmentation des prix). En litres : ce tonnage équivaut à 3,2 milliards de litres de lait produit par 500.000 vaches laitières ayant un rendement de 20 litres/ jour.
Ces statistiques tiennent lieu de rappel, mais surtout, pour quantifier l’effort à consentir par l’Etat pour « développer et protéger la production nationale qui nécessitera un programme décennale détaillé. », indique le rapport.
Les participants au FIPLAIT ont scindé les recommandations en trois grands axes.
1e recommandation : renforcer le strict contrôle par l’Etat de l’importation, la commercialisation et l’utilisation des poudres de lait et de la matière grasse de lait anhydre
Il y est relevé que le blocage de la production de lait cru est provoqué par la poudre de lait, consacrant un demi-siècle de reconstitution de lait.
A la lumière de ce constat, il est proposé, en premier lieu, « la commercialisation du lait subventionné aux consommateurs à 25 DA/l sous forme d’un sachet en poudre à 125g de lait entier. »
Le remplacement du sachet plastique de lait pasteurisé demi-écrémé, pour lequel le Trésor publique injecte des sommes faramineuses au titre de subventions étatiques, contribue à revoir à la baisse celles-ci.
Mais pas seulement, le bénéficie est également indéniable sur la santé publique, car l’Algérien gagnera à consommer un produit de meilleur qualité nutritive et hygiénique, facilement stockage et sous pénurie.
En deuxième lieu, promulguer un décret comportant ‘’l’interdiction de la reconstitution du lait à partir de poudre industriel, et de matière grasse de lait anhydre pour la fabrication des laits de consommation (pasteurisés et UHT) et de produit laitiers.’’
L’interdiction, tiennent à préciser les rédacteurs du rapport, devra entrer dans un délai de 2 ans à 5 ans, dépendamment du lieu d’implantation de la laiterie. Cet intervalle temporel est nécessaire pour que les laiteries se reconvertissent « au lait cru avec l’aide de l’Etat dans le cadre d’un contrat de reconversion. », est-il indiqué.
La troisième et dernière sous-recommandation, a trait à l’impératif de rétablir la formule du groupement d’achat du type GAIRLAC.
Celui-ci existait, rappelle le rapport, « dans les années 1970 pour tous les importateurs de poudre de lait et de matières premières laitières avec instauration de quota d’importation et de taxes protégeant la production nationale. »
Pour sanctionner cette première recommandation, les spécialistes de FIPLAIT, déclarent, rassurants, « seuls de telles mesures redonneront confiance aux investisseurs nationaux et étrangers pour investir dans les productions fromagères et l’élevage laitier. »
2e recommandation : mise en œuvre d’un programme décennal, d’intensification de la production laitière nationale
Préalablement, un peu de mathématiques : pour avoir 3 millions de litres de laits, obtenus avec 600.000 vaches laitières dotées d’un rendement moyen de 6000 l/an (20 l/j), il faut mobiliser une surface agricole en irrigué de 200.000 Ha en céréales fourragères (maïs, sorgho, triticale) et 150.000 Ha en légumineuses (luzerne, trèfle).
Donc, ces objectifs nécessiteront d’importants investissements concomitants, notamment, en :
– culture, récolte, transformation et stockage des fourrages.
– construction et équipements de bâtiments d’élevage pour vaches, veaux et génisses.
– production de génisses gestantes (120.000/an en moyenne)
– collecte de lait (régénération et transport).
– encadrement technico-administratif de la filière particulièrement pour la formation professionnelle des éleveurs et des techniciens de vulgarisation.
Deux grandes sous-recommandations en sont issues.
En matière d’alimentation du bétail laitier, la première du genre, les rédacteurs du rapport préconisent, premièrement, que les investisseurs dans les cultures fourragères et leur transformation (ensilage et déshydratation) doivent être attributaires, à l’instar des céréaliers, dans les opérations de distribution des concessions des terres.
Les élevages laitiers, étant laitiers hors sol, et les fabricants d’aliments du bétail, sont appelés, selon les recommandations, à ajouter dans la gamme de leurs produits des aliments complets (Masch) fabriqués à partir de fourrages déshydratés et des sous–produits des agro-industries (tourteaux, mélasse, issus de meunerie, pulpes sèches, etc). C’en est la deuxième proposition.
Une troisième proposition est relative au contrôle de la qualité de ces aliments fourragers. Cette opération est assurée par les laboratoires régionaux interprofessionnels d’analyse des aliments du bétail, dont la mission est de garantir leurs valeurs nutritionnelles.
En matière d’augmentation des effectifs du bétail laitier performant, qui fait office de deuxième sous-recommandation, il est recommandé de mobiliser tout le patrimoine zootechnique existant, considéré comme mieux adaptés aux changements climatiques en cours.
Comme exemple édifiant, les bovins (mois de 300.000 vaches laitières, majoritairement de races étrangères). A cet effet, « nous devons mettre en valeur environ 600.000 vaches de races locales ou croisées qui sont « en jachère », en mettent en œuvre un programme d’amélioration génétique, utilisant les biotechnologies modernes notamment l’insémination artificielle, l’utilisation de semences sexées pour n’obtenir que des femelles, la transplantation d’embryons pour l’obtention de reproducteurs de très haute valeur génétique et la génomique. », est-il prôné.
Loi sur l’élevage
Urgemment, une loi sur l’élevage à promulguer, encadrant toute la politique génétique pour les ruminants, particulièrement pour l’identification des animaux, la création et la gestion des livres généalogique par race (Herd book, Goat book, Flock book), l’organisation professionnelle des éleveurs, l’utilisation des biotechnologies pour la reproduction.
3e recommandation : mesures d’accompagnements
Enfin, les experts de FIPLAIT, énumèrent à huit le nombre des mesures devant accompagner la feuille de route de la filière ‘’Lait’’. En-voici la synthèse :
1)Des mesures incitatives, notamment, par la révision des procédures bancaires de financement des investissements et de l’exploitation des productions animales en général et de la filière lait en particulier ;
2) Garantir un prix minimum à la production pour les fourrages et le lait et rendre obligatoire le paiement de ces produits selon la qualité (matières grasse et protéines pour le lait, UF et MAD pour les fourrages) ;
3) Réadapter la politique des subventions et des fiscalisations (impôts, TVA, taxes, etc) ;
4) Taxation évolutive de la poudre de lait, en guise de protection de la production du lait frais ;
5) Regrouper l’Institut national de recherche en agronomie d’Algérie (Inraa), l’Institut technique des élevages (Itelv), le Centre national de l’insémination artificielle et de l’amélioration génétique (Cniaag), l’Institut national de médecine vétérinaire (Inmv), entre autres, par exemple en Centre national de la recherche zootechnique et vétérinaire (Cnrzv), ayant le même statut que celui des établissements de recherche relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs).
6) Transformer les fermes-pilotes du Groupe Lait (Giplait) comme fermes-écoles pour la formation pratique des éleveurs ;
7) Réorienter l’activité de l’Office national interprofessionnel du lait (Onil), tout en la mutualisant avec celle de Giplait ;
8) Renforcer le rôle de l’interprofession laitière, avec plus de pouvoirs de cogestion aux organisations professionnelles au sein des organismes publics de la filière.