Régler la problématique mondiale de l’eau : les solutions du Pr. Ahmed Kettab

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Création d’une Organisation Mondiale de l’Eau (OME), World Water Organisation (WWA) dépendant des Nations-Unies, à l’instar de la FAO, l’OMS, l’UNESCO ; financer par et pour les pays de la Méditerranée pour subventionner l’eau, particulièrement dans le cadre de la lutte contre le stress hydrique et la concrétisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) ; mettre en place des observatoires de l’eau dans les pays du pourtour méditerranéen ; promulguer une législation spécifique à la Méditerranée, commune et consensuelle minimale sur les normes (rejets, potabilités, irrigation…) ; mettre le cap sur la coopération dans le domaine de transfert de technologie, formation, recherche et développement (R&D) ; mettre à profit l’innovation, à moindre coût, à profit du dessalement et du traitement des eaux usées.

Telles sont, entre autres, les recommandations formulées par le Professeur Ahmed Kettab, également directeur de recherches de l’Ecole nationale Polytechnique d’Alger (ENPA) et conférencier international en eau, sécurité, stratégies, hydro-politique et hydro-diplomatie, notamment lors du 5e Forum méditerranéen de l’eau,  qui s’est tenu du 05 au 07 février 2024 à Tunis, capitale de la Tunisie, et auquel ont pris part 900 participants de plus de 30 pays, dont une dizaine de ministres et plus d’une centaine de conférenciers. Sa communication est intitulée : «Les eaux non conventionnelles en méditerranée : source de lutte contre le stress hydrique à l’horizon 2025/2050  au vu des changements climatiques.»

Droit constitutionnel à  l’eau et à l’assainissement 

Le Professeur Kettab, plaide également pour la constitutionnalisation du droit à l’eau et à l’assainissement pour tous les pays méditerranéens. Il s’appuie en cela sur quelques exemples tels que :

  • la résolution 64/292 (2010) de l’ONU reconnaît «le droit à l’eau potable et à l’assainissement sûrs et propres comme un droit de l’homme essentiel à la pleine jouissance de la vie et du droit à l’exercice de tous les droits de l’homme»,
  • la Constitution de l’Algérie du 30 décembre 2020, dans son article 63, qui stipule : « l’État veille à assurer au citoyen l’accès à l’eau potable et à sa préservation pour les générations futures », (https://www.joradp.dz/FTP/jo-francais/2020/F2020082.pdf);
  • l’article 44 de la Constitution tunisienne, qui dispose : «le droit à l’eau est garanti. La préservation de l’eau et son utilisation rationnelle sont un devoir pour l’État et la société ».

Sur ce, le Pr Kettab recommande : « Il faudra une recommandation forte pour que tous les pays (ceux qui ne l’ont pas fait encore bien sûr), inscrivent dans leur constitution « le droit à l’eau potable et à l’assainissement. »

La survie des nations dépend de la préservation de  l’eau

C’en est la conviction du Pr. Ahmed Kettab. « L’eau est devenue un enjeu de taille et seules les nations qui auront su préserver leur capital hydrique pourront survivre. », déclare-t-il, ajoutant : «Les pays Africains, considérés pour la plupart comme pauvres en eau seront de plus en plus confrontés à des pénuries d’eau, tant les pressions provenant de l’agriculture, de l’industrie et des populations y sont fortes et croissantes. Dans ce contexte, l’eau a une valeur socio-économique, environnementale et géopolitique particulière. Les solutions techniques et économiques impliquent, de fait, une solidarité entre régions et Etats. »

La rareté des ressources en eaux conventionnelles, aggravée par la forte pression sur l’eau, est induite par :

  • la démographie galopante,
  • la pollution industrielle et domestique,
  • la surexploitation des nappes phréatiques, notamment dans les régions agricoles

A cette rareté est venu se greffer la détérioration de la qualité de l’eau.

Ce sont, de l’avis de l’expert mondial en eau, des soucis majeurs dans la Méditerranée, particulièrement en Afrique du Nord, limitant la mise en œuvre des programmes hydrauliques, « visant le développement et l’amélioration du service, ce qui affecte négativement le bien-être des citoyens et menace l’avenir des générations futures. », alerte Pr Kettab.

Les objectifs  prioritaires du Pr. Ahmed Kettab 

Pr Ahmed Kettab, nullement avare en propositions, recommande ce qui suit :

  • respecter les engagements pris au niveau national et international dans le domaine de l’eau,
  • encourager la coopération bilatérale et multilatérale dans le secteur de l’eau,
  • Diminuer le fossé entre pays du nord  et pays du sud dans le domaine de l’eau,
  • intensifier les relations et les partenariats entre universitaires, chercheurs et industriels, en incluant les PME et startups ;
  • développer les institutions de l’eau, notamment les établissements d’enseignements, écoles, universités chargés d’assurer la formation dans les métiers de l’eau.

Aussi, il préconise de :

  1. Persuader les gouvernements à donner les moyens financiers, institutionnels, éducatifs pour régler le problème de l’eau ;
  2. Promouvoir les travaux de recherche liés à l’eau  dans tous les milieux universitaires, dans tous les  pays, dans toutes les langues ;motiver la diffusion et les échanges scientifiques et techniques à l’échelle planétaire ;
  3. Doter l’industrie de l’eau des mêmes moyens et stratégies accordées aux hydrocarbures.

Chiffres à retenir :

La Méditerranée recèle près de 60% de la population mondiale pauvre en eau, avec moins de 1000 m3 d’eau/habitant/an.

Les Pays du Sud de l’Europe et ceux du sud méditerranéen sont dans une situation de stress hydrique : leurs demandes augmenteraient entre 20 à 35% à l’horizon 2025/2050 au vu de certains indicateurs (changements climatiques, démographie, développement, etc.)

  • Tension hydrique : moins de 1 700 m3/hab./an;
  • Pénurie hydrique : entre 1 000 et 1 700 m3/hab./an;
  • Rareté hydrique : moins de 1 000m3/hab./an;
  • Rareté absolue : moins de 500m3/hab./an.

Autres déclarations du Pr. Ahmed Kettab :

Le problème du stress hydrique au niveau mondial n’est pas un problème technique, scientifique, d’innovation technologique, financier, car nous maitrisons tout cela, mais plutôt un problème politique

L’hydro-diplomatie, l’hydro-politique, l’hydro-gouvernance devraient être le fer de bataille pour résoudre la crise mondiale de l’eau qui se profile à l’horizon.

Il est vrai que les changements climatiques sont cités par beaucoup comme la cause du stress Hydrique dans le monde ; mais en réalité cela n’est qu’une fuite à l’avant et n’est qu’une petite partie du vrai problème. La pollution et les changements climatiques sont reconnus comme un des grands défis dans le monde auxquels l’humanité fera face au cours des prochaines décennies. Le changement climatique et la croissance urbaine et démographique attendus dans la région, risquent d’aggraver la situation de stress hydrique, malgré la mobilisation des ressources en eau.

Le problème de l’insuffisance d’eau n’est pas résolu totalement; c’est le moment de choisir une stratégie performante pour éviter cette situation.

Bio express du Pr. Ahmed Kettab :

Le Professeur Ahmed Kettab est lauréat à la 3e édition de Scopus Awards Algérie 2013 (Environnemental Science) et nominé pour le prix IWA Global Water Award (International Water Association)-2021.

Il occupe aussi sept postes honorifiques :

Vice-président de l’Académie de l’Eau (France),
Membre du Conseil d’administration de l’institut Méditerranéen de l’eau (IME),
Membre fondateur du Conseil Arabe de l’Eau,

Membre du Partenariat Français Eau (PFE)
Coordonnateur d’un groupe d’action Méditerranéen sur l’Eau,    
Membre de comités scientifiques de plusieurs revues internationales de renommées , 
Membre de comités scientifiques et d’organisations de plusieurs congrès, colloques, internationaux

Il est également :

Editeur en chef Honoraire de la revue ALJEST : www.aljest.webs.com/www.aljest.org

Editeur Associé de la Revue LJEE : www.ensh.dz

Mail : [email protected]


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