« Mettre en place un Conseil national de la sécurité hydrique (CNSH) est une nécessité absolue à l’horizon 2030, rayonnant à l’horizon 2100, et qui sera placé directement sous l’autorité de la Présidence de la République et composé d’une quarantaine de compétences algériennes es-qualité. »
Recommande le Pr Ahmed Ketab, directeur de recherches à l’Ecole national polytechnique d’Alger (ENPA), et qui est aussi, excusez du peu, membre-fondateur du Conseil Arabe de l’Eau, membre du Conseil d’Administration de l’Institut Méditerranéen de l’Eau, et Vice-président de l’Académie Française de l’Eau !
Pr Ketab ajoute également : « Le CNSH vient ainsi parachever la politique de l’Etat en renforcement des secteurs de l’Energie, la Santé, la Recherche scientifique et, à postériori, la sécurité alimentaire, qui toutes, sauf le dernier cité, ont leur conseil. »
Changements climatiques : incidence à l’option de dessalement
L’installation du CNSH trouve son fondement, selon Pr Ketab, dans le risque planant sur la raréfaction des ressources en eau, fortement impactées par les changements climatiques. Situation dont adviendra le recours systématique au dessalement d’eau de mer, dont « l’Etat algérien, par la volonté de Président Tebboune, y accorde déja une attention particulière. », explique Pr Ketab. Cela, afin, pressent Ketab, d’éviter que les populations algériennes, dans leur quasi-majorité, n’y soient confrontées à la problématique de l’eau à boire !
Le dessalement d’eau de mer : 5.6 millions d’eau dessalée/jour à l’horizon 2030
Et de là, Pr Ahmed Ketab déballe ces chiffres : « L’Etat a procédé à la réalisation de 11 stations de dessalement de 2.2 millions de mètres cubes, en 2022, et 3 stations en 2023. En 2025 : il est prévu la réalisation de 5 stations de dessalement à 300 000 mètres cubes en 2025, 6 stations de 300 000 mètres cubes à l’horizon 2030. »
Selon notre interlocuteur : l’Algérie aura 5.6 millions d’eau dessalée par jour, et la possibilité d’exploiter jusqu’à 150 kilomètres de plage, toujours à cet horizon.
Une usine de fabrication de membranes : partenariat avec les pays-leaders comme préalable
Le CNSH est indispensable, car la sécurité hydrique est une question de souveraineté nationale. Pr Ketab, propose aussi, et sachant que l’option du dessalement soit inévitable, de procéder à la mise en place d’usine de fabrication de membranes. Proposition qu’il a formulée lors du (TÉSTEA’2023), l’Atelier thématique Algérie-France sur « les technologies émergentes de séparation pour le traitement de l’eau et de l’air », qui s’est tenue du 30 mai au 01 juin, à Alger, organisée par l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (Anvredet), la Chaire UNESCO de l’université de Montpellier et l’Institut Européen des Membranes (IEM).
« Cela mettra un terme à l’importation des membranes. Auparavant, le problème ne se posait pas car on en importait en petites quantités, mais la demande s’accroissant, l’importation s’est étendue à de plus grandes. »
Ketab poursuit en prônant : « D’ériger, en partenariat, à rechercher dans le cercle très restreint comprenant le Japon, la Chine, la Corée du Sud ou encore les USA, pour la réalisation d’une usine de fabrication de membranes. »
Fabrication locale de membranes : le maillon manquant à la chaine des valeurs
Il a également mis en avant ces superlatifs :
- Cosider et EGTP, des entreprises qui ont acquis de l’expertise pour la réalisation des stations de dessalement ;
- les compétences techniques algériennes,
- les potentialités naturelles,
- les eaux usées.
« Tous ces atouts demeurent insuffisants pour venir à bout à la problématique de l’eau, tant que l’usine de fabrication de membranes ne voit pas le jour. », insiste-t-il.
Membranes et eaux usées : la paire gagnante?
Il a poursuit en indiquant : « Il faut savoir, aussi, que les membranes sont utiles pour le traitement des eaux usées nécessaires pour l’irrigation, mais aussi pour d’autres industries. »
Quant aux eaux usées, Pr Ketab révèle que « seulement 2 a 3% des eaux usées sont seulement utilisés pour l’irrigation, alors que d’autres pays l’utilisent depuis pour les eaux de boissons et même l’eau potable (Singapour). »