Leïla Ziouani, initialement architecte diplômée de l’Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme (EPAU), est spécialiste de la communication et de l’événementiel, secteurs dans lesquels elle a exercé respectivement 20 et 16 ans.
Manager après avoir obtenu un MBA de l’université de Lyon -3 Jeans Moulin. Formatrice aussi, s’étant formée pour le devenir. Aujourd’hui, Leila Ziouani est consultante formatrice en communication d’entreprise et en événementiel. Elle crée un réseautage de réflexion sur le métier d’auto-entrepreneur. Ecoutons-la dans ce court entretien.
Vous venez de poster sur LinkedIn cette réflexion : « le statut d’auto-entrepreneur, filière du développement de l’événementiel en Algérie », en lui créant même un groupe LinkedIn. Pouvez vous nous expliquer pourquoi et comment ?
Oui effectivement. La promulgation de la loi 22-2023 relative à l’Auto-entrepreunariat, la création de l’Agence nationale de l’auto-entrepreneure et son lancement en janvier dernier, ouvrent de nouveaux horizons devant toutes personne désirant se lancer à son propre compte en tant que freelance dans un cadre légal, formel et facile à acquérir. Le statut d’Auto-entrepreneur permet justement cela.
Et parmi les sept domaines d’activités que prévoit l’ANAE, un domaine traite explicitement d’événementiel: « Service récréatifs et de loisirs ». Sur 14 Activités, 07 sont dédiés à des métiers spécifiques tels que Chef de projet événementiel, Assistant commercial en événementiel, Organisateur de séminaire, de Soirée, de Mariage,…etc. C’est une première en Algérie, que ces métiers fassent l’objet d’un statut à part entière. D’autres Activités implicitement liées à cette filière figurent dans la nomenclature proposée par l’ANAE, notamment ceux liés aux spectacles.
Pensez-vous le développement de l’événementiel est le même avec ou sans l’auto-entrepreneur ?
Je pense que la filière événementielle, grâce au statut d’auto-entrepreneur, évoluera plus vite. Nous verrons même, dans un avenir proche, de nouveaux événements voir le jour partout en Algérie, empreints d’innovation servant le développement local.
Il y a, à mon avis, tellement de thématiques à traiter, de problématiques nécessitant des solutions. Bien sur, cela sera abordé en fonction des spécificités locales, auxquelles l’événementiel, aussi bien culturel ou scientifiques que sportif ou ludique, apportera le traitement adéquat.
Comment voyez vous la situation de l’événementiel en Algérie : réalité, lacunes et remèdes ?
Il y a d’abord un gros potentiel de part la jeunesse avide de tous types d’événements, ouverte sur le monde grâce à Internet et porteuse de nouvelles idées. Ensuite, il y a un cumul d’expérience sur 6 générations de cadres d’Etat qui ont veillé à organiser des manifestations d’envergure internationale tels que les grands tournois sportifs, les festivals culturels et autres. Pour preuve, la première édition de la Foire Internationale d’Alger a eu lieu en 1965. Tous ces cadres partiront, ou sont déjà partis à la retraite, et une relève doit être assurée.
Enfin, depuis des décennies, des opérateurs privés qui se sont lancés dans l’événementiel ont acquis une expérience et se sont dotés de moyens matériels, logistiques, ainsi que des infrastructures considérables leurs permettant d’assurer des prestations et de réaliser des montages et des installations événementielles dans les meilleurs conditions et dans les quatre coins du pays. Certains sont même reconnus par des organismes de certification et d’autres sont primés à l’international.
Plusieurs atouts sont donc disponibles pour prétendre à des évènements de niveau mondial.
A contrario, il n’y a pas de R.Ex (retour sur expérience), les mêmes erreurs sont parfois reproduites malgré le caractère répétitif de certaines manifestations. De grandes manifestations sont organisées et peuvent même être qualifiées de « réussies » et le travail mené derrière peut-être efficace. Toutefois, cela nous incite à s’interroger : mais cela est-il efficient? La question se pose vraiment, car nous sommes à l’ère de l’efficience et de la rationalité de notre consommation.
La dimension Responsabilité sociétale et environnementale de l’organisation événementielle doit être intégrée en amont.
Et enfin, pour reprendre le terme que vous proposez, le « remède » à toutes ces lacunes c’est la Formation! Car aujourd’hui, il n’existe pas d’école ou institut qui forme aux métiers de l’événementiel. Tout s’apprend sur le tas. D’où les lacunes caractérisant l’événementiel en Algérie.
La Formation est le seul véritable garant d’un avenir de l’événementiel en Algérie.
Bio express de Leila Ziouani :
Leila Ziouani a exercé dans la communication durant 20 ans, dans l’évenemetiel pendant 16 ans (déjà indiqué). Elle a occupé les postes de:
- responsable, chef de service de la communication, coordinatrice générale ;
- directrice générale adjoint Opérationnelle dans une agence de service et logistique événementiels.
Leila Ziouani a également fondé Décor-el, une agence de décoration événementielle et architecture d’intérieur, et SOLA qui est une marque de linge de maison haut de gamme. Parcours managérial épuisé, Ziouani se forme pour former les autres, mettant à profit plus de 25 ans d’exercice professionnel au service des apprenants.