‘’Hirak’’ ou ‘’Harak’’ ou ‘’Révolution? Ce mouvement populaire est-il une réussite ou un échec ? Peut-on déjà faire un bilan de son impact sur la société et le devenir de l’Algérie ? Doit-il être encadré ou devrait-il demeurer sous l’emprise populaire ? Quelles sont les solutions, institutionnelles et constitutionnelles, à même de garantir la démocratie et, partant, la relance économique ?
Autant de problématiques soulevées lors de la conférence-débat sur le ‘’Hirak’’, organisée par le Bureau de Skikda de Haraket Moujtamaa Essilm (HMS), samedi, à la Bibliothèque communale culturelle Khelifi-Derradji (ex-sicel). L’événement coïncide avec la commémoration du décés de Mahfoud Nahnah, fondateur de Hamas, survenu le 19 juin 2003.
La conférence-débat, a été animée par Farouk Tifour, chargé des affaires politiques et sociales au Bureau national de HMS, et professeur des sciences politiques des universités d’Alger et de Blida.
Farouk Tifour, croit fermement que le ‘’Hirak’’ est porté par plusieurs franges de la société, notamment par plus de 152 organisations et 25 partis politiques. Et aussi, par trois grues, la grue politique, culturelle et sociale.
Par ailleurs, Farouk Tifour, a révélé que, depuis quelques temps, selon des études d’experts et de chercheurs, les révolutions sont, désormais, enclenchées par les peuples, sans l’apport d’un guide ou d’un leader charismatique.
Se basant sur des données historiques, le professeur des universités a indiqué que le ‘’Hirak’’ s’inscrit également dans un mouvement historique naturel, observable chaque trente ans (le cycle générationnel, ndlr) dans la vie d’une nation. Lequel mouvement est illustré par un soulèvement populaire contestant l’ordre établi et appelant à son départ. Donc, selon lui, le ‘’Hirak’’ est une étape tout à fait attendu dans le cycle biologique de l’Algérie.
La quadrature de la conscience collective intelligente
Farouk Tifour, demeure également convaincu que le ‘’Hirak’’, est le reflet incontestable de la conscience collective intelligente du peuple algérien, considéré, des décennies durant, comme un peuple violent et agressif.
« La quadrature de la conscience collective intelligente est : pacifisme, refus de l’ingérence étrangère, unité du but, et la continuité et persistance de la réalisation de ce but. », a-t-il déclaré, avant d’enchaîner, « C’est lors de son déroulement, que l’individu a découvert ses forces et ses faiblesses. ».
« Par cette action pacifique, poursuit le conférencier, le peuple algérien a donné une leçon au monde. Même le peuple palestinien a délaissé l’incendie des pneus, depuis le 22 février, soit depuis qu’il a vu le comportement pacifique du peuple algérien lors du ‘’Hirak’’. »
Parlant justement du peuple algérien, Farouk Tifour l’a scindé en cinq parties. La première, il l’a dénommée ‘’eddadjira’’, traduction de ‘‘’dégoûtée’’ ou ‘’ennuyée’’. Celle-ci, s’est éclatée en deux autres : ‘’el moutajira’’ ‘’la commerçante’’ ou peut-être ‘’l’affairiste’’, et la seconde, ‘’ mouhadjira’’ ‘’immigrante’’.
‘’El fadjira’’ ou ‘’la débauchée’’ en est la quatrième du nom, alors que la cinquième et dernière est ‘’essabira’’ ‘’la patiente’’ Et c’est celle-ci, qui, aux yeux de l’intervenant, aura à supporter le lourd fardeau du changement et de la réforme.
Hirak réussi
Lors des débats, l’assistance a été quasi-unanime quant à la réussite du ‘’Hirak’’ et le recouvrement des acquis populaires, malgré certains signes d’essoufflement relevées ici et là. D’aucuns ont loué les efforts de la population de Skikda dans la concrétisation des objectifs du ‘’Hirak’’, ce qui lui a valu la deuxième place à l’échelle nationale, après Alger, ex-æquo, tout dernièrement, avec Bordj Bou Arréridj.
Pour d’autres, le ‘’Hirak’’ ne peut être une réussite, si d’autres conditions ne seront pas réunies, telle que le jugement de tous les responsables algériens ayant contribué à cette crise protéiforme, vingt ans durant, et le recours à la transition, comme l’exemple Tunisien, pour élire notre nouveau président de la République.
Pour sa part, Rachid Belaadjila, Secrétaire de wilaya du Bureau Skikda HMS, a indiqué vouloir inscrire ce genre de rencontres dans la durée, ou le débat contradictoire et la responsabilité de parole, élargis à plusieurs pans de la société, prédomineront.