Plus d’un mois après le renversement du président Mohamed Bazoum au Niger, un autre coup d’Etat militaire vient de mettre fin au pouvoir d’Ali Bongo au Gabon.
“Les Forces de défense et de sécurité, réunies au sein de Comité pour la transition et de la restauration des institutions (CTRI), ont annoncé, ce mercredi 30 août 2023, au petit matin à Gabon 1ère (la télévision nationale), la prise du pouvoir, une quarantaine de minutes après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo Ondimba avec 64,27% des suffrages, contre 30,77% pour Albert Ondo Ossa”, écrit l’Agence gabonaise de presse (AGP).
Selon le site Gabon Review, des tirs d’armes automatiques ont été entendus à Libreville, capitale du Gabon, aussitôt après l’annonce de ces résultats. “A ces nouveaux tirs, se mêlaient les voix de quelques gabonais qui réveillés et contestant la victoire d’Ali Bongo, criant de joie «les militaires ont annulé le vote et pris le pouvoir. Vive la liberté !». Une douzaine d’hommes en treillis prennent en otage la chaîne de télévision Gabon 24 logée au sein de la présidence de République pourtant gardée par la Garde républicaine (GR). Au milieu de ces hommes où on distinguait clairement des bérets verts (GR), bérets rouges (armée de l’air), gendarmes et policiers. Un militaire, la quarantaine d’année vraisemblablement et identifié par de nombreuses personnes comme le chef d’état-major de l’armée de terre, lisait un communiqué”, détaille Gabon Review.
Annulation des élections et fermeture des frontières
Le CTRI estime, dans un communiqué, que le Gabon traverse “une grave crise” institutionnelle, politique, économique et sociale. “Aussi, force et d’admettre, que l’organisation des échéances électorales dites, élections générales du 26 août 2023 n’a pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les gabonaises et les gabonais. A cela j’ajoute, une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos”, est-il écrit dans le communiqué, lu à la télévision.
Les militaires annoncent l’annulation des résultats des élections générales du 26 août 2023 qualifiés de tronqués. “Les frontières sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Toutes les institutions de la République sont dissoutes notamment, le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le Centre gabonais des élections (CGE)”, est-il ajouté.
Ce communiqué du CTRI est diffusé en boucle sur la chaine Gabon 24. La chaîne montre des soldats en liesse après le coup d’Etat. Les militaires rassurent que le président Ali Bongo “est gardé en résidence surveillée, entouré de sa famille et de ses médecins”. Ils annoncent aussi l’arrestation de plusieurs personnalités, proches du président déchu, dont Noureddin Bongo Valentin, fils d’Ali Bongo, pour plusieurs chefs d’accusations :”haute trahison des institutions de l’Etat, détournement massif des deniers publics, faux et usage de faux, falsification de la signature du président, corruption active, trafic de stupéfiant”.
“Liesse populaire”
“Sur la ligne Pk5/Pk12, aux quartiers Nzeng-Ayong et Belle-Vue notamment, les forces de Défense qui faisaient le tour étaient acclamés comme des héros par des Gabonais ayant investi la rue, mais surtout, -nourris par l’espoir de voir changer le régime actuel. Arborant les couleurs du drapeau gabonais et brandissant ledit drapeau, ils chantaient en chœur l’hymne national du pays dont un passage a d’ailleurs été repris par le CTRI : «C’est enfin notre essor vers la félicité». La même liesse populaire a été enregistrée à Port-Gentil, deuxième ville du pays”, rapporte Gabon Review.
Ali Bongo, 64 ans, est chef d’État depuis octobre 2009. Il succède à son père Omar Bongo, resté au pouvoir pendant 42 ans. Ministre des Affaires étrangères, puis ministre de la Défense, entre 1989 et 2009, Ali Bongo Ondimba s’est présenté pour un troisième mandat présidentiel, malgré un AVC en 2018. Il a fait l’objet d’un coup d’Etat militaire en janvier 2019. Une tentative qui a échoué. A l’époque, les militaires avaient évoqué l’état de santé d’Ali Bongo qui ne lui permettait pas, selon eux, de diriger le pays. Les élections générales du 26 août ont été marquées par un isolement du pays avec la coupure d’internet, l’instauration d’un couvre-feu et la suspension de diffusion de certains médias.
L’opposant Albert Ondo Ossa a dénoncé des fraudes “qui ont été orchestrées par le camp Bongo”. “La malice du camp adverse n’a fait preuve d’aucune limite”, a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).