Début novembre, à l’aire de repos des Babors sur l’autoroute est-ouest, la station de recharge pour voitures électriques suscite la curiosité des automobilistes. L’agent de Sonelgaz chargé de veiller à son bon fonctionnement explique, avec une certaine fierté, que la station électrique est déjà fonctionnelle à 100%. D’autres suivront puisque l’opération d’équipement de toutes les aires de repos de l’autoroute est-ouest en station de rechargement de véhicules électriques doit prendre fin d’ici la fin décembre, indique l’un des gérants de ces stations récemment mises en service.
Produit de la Sonelgaz, la station ne connaît pas pour le moment une grande affluence. Cela tient à deux facteurs, selon lui: primo, les voitures hybrides ne sont pas encore nombreuses dans le pays. Secondo, le grand public ignore largement que ces stations sont fonctionnelles.
A la station des Babors, le flux reste modeste avec deux à trois véhicules par jour. Le rechargement “fast”, souligne notre interlocuteur, bien qu’il soit à seulement 60 kW, permet, par exemple, de recharger un véhicule Mercedes à 100% en un temps record de 30 minutes. Contrairement aux fiches “alternatives” de 45 kW, qui, elles, mettent de longues heures pour un rechargement complet. Il assure toutefois que ces bornes sont en amélioration continue. Les bornes “fast” d’Alger sont déjà à 150 kW et atteindront prochainement les 300 kW. Quant aux fiches de véhicules -actuellement fast, alternative et asiatiques- elles seront bientôt universelles (standards), tout comme les téléphones portables, ce qui résoudra le problème au niveau des bornes. Le rechargement complet permet une autonomie de circulation allant jusqu’à 300 km.
Gratos… pour le moment
Pour l’heure, le prix du rechargement est à … zéro dinar. Dans un souci d’encourager le basculement vers les véhicules électriques, l’Algérie offre, pour l’instant, la gratuité du rechargement. “Les autorités comptent, après la mise en place des cartes de paiement adéquates, garder le paiement du rechargement électrique symbolique », explique encore l’agent de Sonelgaz, qui note minutieusement dans son rapport à son entreprise les bons et les mauvais points des bornes déjà opérationnelles. Ces rapports, selon lui, permettront d’améliorer les performances des bornes installées pour encourager le basculement vers le tout électrique.
Avec la situation climatique actuelle préoccupante, l’Algérie s’engage résolument dans la promotion des voitures électriques pour faciliter la transition vers des moyens de transport plus durables. Dans le cadre du Plan national Climat 2020-2030, le pays s’est engagé à réduire 7 % de ses émissions de gaz à effet de serre, un taux qui pourrait atteindre 22 % d’ici 2030.
En ratifiant l’Accord de Paris en 2016, un accord universel historique et juridiquement contraignant entré en vigueur le 4 novembre 2016 pour limiter le réchauffement climatique, l’Algérie a souligné son engagement ambitieux dans la lutte contre le changement climatique.
Les motivations principales derrière ce changement de cap résident dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’économie d’énergie, propulsant ainsi une réorientation progressive vers le GPL mais aussi au profit des bornes de recharge électriques.
Encourager l’électrique
Le déploiement massif de bornes de recharge vise à stimuler davantage l’adoption de ces véhicules plus respectueux de l’environnement. La Société nationale de l’électricité et du gaz (Sonelgaz) avec sa filiale SAIEG y jouent un rôle clé.
Entre 200 et 300 points vont être positionnés stratégiquement sur les aires de repos des autoroutes et les grands axes routiers du pays. Outre les autoroutes, des bornes de recharge seront également implantées dans les parkings des grandes surfaces. Les stations-service Naftal en seront toutes équipées, de quoi permettre une recharge complète en moins de 30 minutes, assurant une autonomie de 300 km.
Le tournant en Algérie est devenu significatif avec l’arrivée, en juillet dernier, de la première voiture à moteur 100 % électrique, la crossover Dacia Spring. De quoi permettre d’entamer l’expérience du 100% électrique.
Les autorités ont décidé de réduire significativement les taxes douanières sur l’importation de voitures électriques, avec des baisses pouvant atteindre jusqu’à 80%. Une mesure incitative forte en direction des particuliers.
Le ministère de l’Énergie ambitionne d’installer 1000 bornes de recharge d’ici 2025. Le ministère de l’Industrie avait annoncé de son côté en février 2022 que l’Algérie envisageait de se lancer dans la fabrication locale de voitures électriques et hybrides.
Le recours aux voitures électriques en Algérie dépendra de multiples facteurs, tels que le financement, la demande des consommateurs et les incitations gouvernementales.
L’option semble prise avec l’arrivée de plus en plus de véhicules électriques sur le marché, conjuguée au déploiement des bornes de recharge, à la gratuité du rechargement et aux réductions douanières. De quoi imprimer un peu plus fortement le virage entrepris par le pays vers une mobilité plus verte.