El-Oued: la phœniciculture dans le Ghout, un patrimoine agricole et touristique

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EL-OUED / APS – Le système traditionnel des « Ghout » en usage pour la culture du palmier dans la région du Souf (wilaya d’El-Oued), au regard de ses spécificités naturelles, est unique et bénéficie d’un classement par la FAO (Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation) en 2011 comme patrimoine agricole et un repère touristique qui gagnerait à être préservé.

Le Ghout, ou pyramide inversée, est non seulement un mode cultural efficace mais aussi un site touristique par excellence, que ce soit pour le tourisme intérieur qu’étranger, au vu de ses caractéristiques singulières reflétant le génie de ses concepteurs qui ont permis l’émergence de palmeraies verdoyantes et source vivrière pour la population, dans un espace géographique saharien, aride et hostile, mais aussi le développement d’une variété de datte de haute qualité connue sous l’appellation de « Baâli ».

Il se présente sous forme de dépression déblayée de manière traditionnelle (avec des couffins de paille et des bêtes de somme) au milieu de dunes de sables à une profondeur atteignant les 20 mètres pour un diamètre de 80 à 200 mètres, selon le président de la Chambre de l’Agriculture de la wilaya.

L’objectif étant d’aménager un espace pour la plantation du palmier à un niveau assez bas permettant à ses racines de se rapprocher de la nappe phréatique pour y puiser et absorber directement ses besoins en eau, sans devoir recourir à l’irrigation, a expliqué Bekkar Ghemmam Hamed.

Cette technique phoénicicole ancienne offre aussi l’avantage, en plus d’une économie en matière de mobilisation des eaux d’irrigation, de libérer l’agriculteur d’une tâche contraignante pour se consacrer à d’autres occupations, ne restant plus dans le processus cultural du palmier que les opérations d’élagage et de pollinisation au printemps et la cueillette des dattes en automne.

L’Organisation de la FAO a appelé, par le biais de son bureau à Alger et ses nombreuses visites de travail, au titre de la Coopération Algérie-FAO, à la réhabilitation du « Ghout » pour le sauvegarder, et ce à travers un programme d’appui et d’orientation des agriculteurs, a fait savoir Ghemmam Hamed.

Craintes pour les Ghaout de la baisse de la nappe phréatique

Pour leur part, plusieurs exploitants de Ghout ont interpellé à travers des correspondances les autorités administratives concernées pour protéger ce système agricole ancien des risques que lui fait peser  l’attribution de terres agricoles en proximité, dans le but de préserver la nappe phréatique sur laquelle repose principalement le système du Ghout et d’éviter la soif et la perte de ses palmiers.

Des promesses leur ont été données dans le sens de l’étude de leurs préoccupations pour un règlement pratique de cette question, a soutenu le même responsable.

Dans ce contexte, le président de l’association « El-Waha pour le Ghaout Baâli », Ahmed Boudissa, propriétaire de Ghaout dans la région de Sendrous, dans la commune de Nakhla (20 km Sud d’El-Oued) où se trouve le plus grand nombre de ces Ghout (69), a fait part de la menace qui pese sur ce système d’exploitation agricole typique.

Il évoque principalement la création d’exploitations agricoles à proximité, accompagnée du forage de plusieurs puits d’irrigation qui ont entraîné une baisse du niveau de la nappe phréatique d’où puisent les palmiers du Ghout leurs besoins en eau.

L’association appelle pour cela à l’application des clauses de l’arrêté de wilaya portant protection des palmeraies de Ghout, notamment dans la région de Sendrous, faisant d’elles des sites « préservés » et les mettant à l’abri de l’accroissement des cultures saisonnières ayant nettement affaibli la nappe phréatique, a-t-il ajouté.

De son côté, Khelifa Gaid, chercheur dans le domaine du patrimoine, a estimé le nombre de Ghout à quelque 9.600 au lendemain de l’indépendance, avant qu’il ne tombe actuellement à près de 2.600, soit une perte d’au moins 7.000, du fait de plusieurs facteurs, dont le phénomène de la remontée des eaux, les négligences et la transformation de certains de ces lieux de culture en décharges sauvages.

La direction des Services agricoles (DSA) a fait état, pour sa part, de mesures de soutien et de facilitation mises à la disposition des agriculteurs désireux d’aménager des Ghout, afin de relancer l’activité et de valoriser ce patrimoine agricole.

S’agissant des exploitations agricoles créées à proximité de Ghout, ce sont des cas « isolés » et que la commission technique chargée du cadastre du foncier agricole relève des collectivités (daïra et commune), a expliqué la source en précisant toutefois que les services de la DSA ont toute latitude d’émettre des réserves en cas d’enregistrement d’agressions sur les zones de concentration des Ghout.

La FAO a classé en 2011 le Ghout comme patrimoine agricole universel en tant que système ingénieux, au vu de ce qu’il représente comme intérêt historique, socio-économique et culturel d’intérêt mondial.


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