Douglas Mbiandou, camerounais d’origine, fondateur de l’association ‘’10000 Codeurs’’, veut préparer une génération africaine, sensibles aux enjeux du développement durable et adeptes de la digitalisation, à ne pas être dépassé par le coche de la modernité. L’informaticien est le profil indiqué pour que cet objectif ne soit pas restreint au seul stade de l’intention. Et son usage n’est pas seulement confiné à l’employabilité. Mais au-delà. De l’Algérie, »grand pays », selon ses termes, il attend beaucoup. Une aventure exemplaire nous est livrée dans cet entretien. Ecoutons bien Mbiandou.
Quel est le secret du chiffre ‘’10 000’’ dans 10000 Codeurs ? Et quelles sont ses missions et motivations de sa création ?
En 2014, Douglas Mbiandou s’est lancé un défi : répondre à la pénurie d’informaticiens en Afrique en proposant 1 informaticien pour 1000 habitants.
Pour le milliard d’habitants, cela nous donne le chiffre d’1 million d’informaticiens à former.
Douglas Miandou s’est dit que s’il arrivait à faire la démonstration pour un centième de ce nombre, il trouverait l’appui nécessaire pour aller plus loin. D’où le nombre 10 000.
Avec 10 000 codeurs, il veut impacter durablement en 10 ans, de 2015 à 2025, la vie de 10 000 personnes : jeunes sans emploi ou adultes en reconversion vers les métiers du numérique.
« Passeport du Numérique », qu’en est-il au juste ? Et quel est le nombre de celles et de ceux qui l’ont décroché ?
Après le bilan mitigé d’actions terrain de formation aux métiers du numérique dans 5 pays (Congo Brazzaville, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Guinée), l’association propose un label permettant de valider 2 éléments très recherchés par les entreprises : une culture numérique et un comportement
Depuis 2021, la réussite d’une épreuve écrite (50 questions) et d’une épreuve orale permet d’apparaître sur une carte interactive de talents validés par l’association : https://10000codeurs.com/ambassadeurs et consultée de plus en plus par les entreprises en recherche de profils.
A ce jour, 52 personnes ont décroché le passeport numérique.
L’accompagnement vers le passeport est gratuit pour les personnes qui n’ont pas de moyens, et payant (100 euros) pour les professionnels.
Vous prônez une vision africaine inclusive. Combien de pays du continent ont-ils adhéré ?
10 000 codeurs, a un impact mesuré dans 27 territoires, dont chacun possède une page web spécifique sur le site 10000 codeurs.
Nous fournissons des indicateurs précis ainsi que des liens utiles.
Il s’agit de :
- Nombre de personnes qui ont tenté l’écrit du passeport
- Nombre de personnes titulaires du passeport (ont réussi l’écrit et l’oral)
- Ratio de femmes qui ont le passeport
- Nombre de métiers ciblés par les titulaires du passeport
- Nombre de formations pris en charges
- Nombre de personnes insérées suite à l’accompagnement 10000 Codeurs.
Nous mettons également à la disposition des personnes désireuses de s’inscrire des liens utiles, à savoir, la présentation de +55 métiers du Numérique ; le lien vers les interviews « «Parole à la Jeunesse » du territoire ; le lien vers une inscription au programme ‘’ Un emploi en 3 étapes’’
L’Algérie en fait partie. Quel est le degré d’adhésion de ce pays à la stratégie de ‘’10000 codeurs’’ ?
L’Algérie est un grand Pays et nous souhaitons qu’elle soit davantage représentée dans 10000 Codeurs.
C’est aujourd’hui le cas : un rendez-vous mensuel qui donne la parole à une Algérienne ou un Algérien, présentant son parcours, ses projets, son rapport au numérique et donne ses recommandations pour un Numérique au service de la Jeunesse Algérienne.
Ce rendez-vous est animé, tous les 4e mercredis du mois, par Reyan Benallal.
La page de l’Algérie fournit des informations précises sur notre impact en Algérie ainsi que notre actualité dans ce grand pays.
A ce jour, un seul Algérien est titulaire du passeport numérique. Il s’agit d’Abderrahmane Zahi, professionnel de santé qui s’est reconverti il y a 10 ans dans le métier de développeur d’applications.
C’est le premier profil de type adulte en reconversion que nous avons au sein de 10000 codeurs et nous en sommes très fiers !
Enfin, nous sommes également très fiers de notre partenariat avec le Groupement des algériens des acteurs Algériens du Numérique (GAAN), qui a fait une véritable démonstration d’ouverture et de vision lors de son événement ‘‘Digital African Summit’’, qui s’est tenu du 31 mai au 2 juin 2022, au Centre international de conférences Abdelatif Rahal (Cic d’Alger). ‘’Codeurs 10000’’ soutient de tous ses forces le GAAN.
Et j’ai été très touché par l’allocution d’ouverture de son président Tadjeddine Bachir, avec qui nous avons beaucoup à apprendre et à partager mutuellement.
A cette occasion, je réitère mes disponibilités à mettre nos réseaux et notre savoir-faire au service de la réussite des prochaines éditions.
Des bailleurs de fonds vous financent. Quelle a été votre argument pour les convaincre ? Et quel sont leurs dividendes à tirer de leur accompagnement ?
A ce jour nous sommes exclusivement financés par trois entreprises privées, deux américaines et une française, sur leur fond d’Impact social ou Responsabilité sociétale des organisations (RSO).
Les deux sociétés américaines sont : la multinationale AUTODESK qui finance nos webinaires quotidiens et la formation de plusieurs titulaires du passeport numérique, et la seconde, la multinationale PEGA qui finance nos actions autour du NO CODE
Quant à la française, il s’agit de JALIOS, éditeur de logiciel de travail collaboratif, finançant nos événements et met à disposition son logiciel pour l’animation de notre communauté en interne.
Ces entreprises partagent nos valeurs et notre vision : construire un monde porté par une Jeunesse Responsable, qui respecte la Femme, l’Environnement et dans lequel le numérique contribue au progrès de l’humanité autant qu’il génère des emplois décents.
Y-en-a-t-il d’autres ?
Nous avons par ailleurs le soutien institutionnel de nombreuses organisations de premier plan avec lesquelles nous collaborons comme l’UNESCO, l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) et plus récemment l’AIRF (Association internationale des régions francophones).
Nous priorisons désormais un travail de terrain en collaboration avec des communes, des départements, des régions et des provinces. La finalité est de démontrer notre capacité d’impact et de transformation.
Un message à transmettre…
Nous invitons les jeunes sans emploi et les adultes en reconversion professionnelle d’Algérie à 2 actions. La première, découvrir le métier du numérique qui leur correspond en s’appuyant sur nos 55 fiches métiers 10000codeurs.com/metiers
La seconde, décrocher leur Passeport numérique afin d’être accompagné par 10000 codeurs vers ce métier
Bio Express :
Douglas Mbiandou 45 ans, marié, 3 enfants, est ingénieur de formation à l’Institut national des sciences appliquées de Lyon (INSA Lyon). Il capitalise 20 ans d’expérience comme consultant et formateur en développement d’applications informatique,
Mbiandou, par son parcours, souhaite impacter significativement le développement de l’Afrique en mettant au service des jeunes sans emploi et d’adultes en reconversion son savoir-faire technique, pédagogique, entrepreneurial, entre autres.
A travers 10.000 Codeurs dont il est le fondateur, il veut créer un pont entre une jeunesse en quête d’autonomisation et une industrie du numérique en quête de talents.
Douglas Mbiandou, comme plus de 200 experts répartis dans 25 communautés thématiques (usages, métiers, technologies, développement personnel, entrepreneuriat…), il donne à travers « 10.000 Codeurs » deux rendez-vous quotidiens à la jeunesse.
Le premier : à 19h pour un talk « Parole à la Jeunesse ».
Le seconde : à 20h pour un webinaire d’acculturation au numérique (usages, métiers, technologies), au développement personnel et entrepreneuriat.
Un contenu francophone dédié aux décrocheurs, jeunes sans emploi et adultes en reconversion.
Mbiandou, au-delà de l’employabilité, prépare une génération de jeunes sensibles aux enjeux du développement durable et acteurs du progrès de l’Humanité, s’appuyant sur les opportunités du numérique pour leur autonomisation.