ALGER / APS – La consommation de la volaille en Algérie a enregistré une augmentation permanente au cours des vingt dernières années, estimée à 10 % chaque année, contre 2 à 3% au niveau mondial, a indiqué à l’APS un membre du Conseil interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA), Dr. Nadjib Tekfa.
« En l’an 2000, avec 30 millions d’habitants, nous consommions environ 10kg de viande blanche par habitant annuellement. Aujourd’hui avec une population de 42 millions, nous en sommes à 20kg/habitant », a expliqué le Dr Tekfa, en estimant que cette tendance haussière devrait se poursuivre du fait de la croissance de la population.
Soulignant le rôle incontournable de la filière avicole dans la sécurité alimentaire du pays, cet ancien directeur des services vétérinaires au ministère de l’Agriculture, a avancé que la volaille restait le seul modèle à croissance rapide pour satisfaire la demande nationale en protéine animale, étant donné que les surfaces agricoles et les ressources en eau sont limitées.
« Il faut 1,7 kilogramme (kg) d’aliment pour faire un (1) kg de viande blanche, contre 8 kg d’aliment pour faire un (1) kg de viande rouge », a-t-il fait valoir.
A l’échelle internationale, les généticiens ont pu développer, grâce aux nouvelles technologies (génomique, numérisation), un poulet plus résistant aux maladies pour diminuer l’usage d’antibiotique. La tendance actuelle est zéro antibiotiques dés que possible, a-t-il fait observer.
En Algérie l’élevage avicole « s’est améliorée au fil du temps », a affirmé le Dr Tekfa, expliquant qu’à la naissance de l’aviculture moderne nationale vers 1980, l’aliment, destiné au poulet de chaire contenait un antibiotique pour accélérer la croissance de l’animal.
« Mais la législation Européenne s’est améliorée avec le temps en bannissant les antibiotiques facteurs de croissance et législation algérienne a suivi en interdisant les antibiotiques dans l’aliment des volailles », a-t-il fait savoir.
L’Algérien doit changer ses habitudes de consommation
Il a, cependant, admis que la disparition du monopole de l’Etat sur le médicament vétérinaire, à compter de 1998, avait mené à une « utilisation abusive » des antibiotiques du fait de « la manipulation des firmes pharmaceutique étrangères ».
Cette période a vu la naissance de plusieurs sociétés d’importation de vaccins et de produits vétérinaires, a-t-il rappelé.
Pour s’imposer auprès de leurs fournisseurs, qui sont les multinationales du médicament, ces sociétés importatrices devaient prouver leur poids sur le marché en faisant le plus gros chiffre d’affaires possible.
« C’est ainsi que ces multinationales ont diffusé et vulgarisé des programme de vaccination et de traitements où l’usage des antibiotiques était scandaleux », a-t-il dénoncé, regrettant le fait qu’elles aient réussi à faire admettre aussi bien aux vétérinaires qu’aux éleveurs qu’il était indispensable de donner aux animaux des antibiotiques, à titre préventif, ce qui était en réalité contre le bon sens scientifique et médical.
Cette « phase de manipulation » au cours de laquelle l’esprit commercial a totalement dominé la médecine vétérinaire a perduré pendant 20 ans, a-t-il relevé.
« Mais actuellement les choses ont évolué positivement grâce au niveau de maturité et d’expérience des éleveurs, la maîtrise des techniques d’élevage, les investissements dans des infrastructures modernes. Aussi, l’usage des antibiotiques ne se fait qu’à titre curatif », a-t-il assuré.
Par ailleurs, « l’exigence des consommateurs sur les normes de qualité du poulet de chair industriel et le souci croissant de préservation de la santé publique, obligent les aviculteurs à se conformer à la règlementation et aux normes de qualité, en limitant de plus en plus l’usage de telles substances, y compris en Algérie », a-t-il assuré.
L’Algérien, a-t-il préconisé, doit changer ses habitudes de consommation en cessant d’exiger un gros poulet bon marché, en soutenant que l’idéal, serait de consommer un poulet à croissance lente, résistant et plus gouteux.
Seulement ce poulet à croissance lente, résistant et plus gouteux, coûte plus cher et « n’est pas accepté par le marché national ». Pour preuve, son introduction en Algérie au début des années 2000, a été « un échec », a-t-il argumenté.