Les hôpitaux du nord de Ghaza, assiégés par l’armée israélienne sont désormais hors service, a annoncé ce 13 novembre, le mouvement de résistance palestinien Hamas, affirmant que des bébés et des malades étaient déjà morts à cause du manque d’électricité.
Plusieurs centaines de malades se trouvent toujours dans l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Ghaza, qui abrite aussi des milliers de civils venus y chercher refuge. La situation y est “grave et dangereuse” après “trois jours sans électricité, sans eau”, selon le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le vice-ministre de la Santé à Ghaza, Youssef Abou Rich, a déclaré lundi à l’AFP que “six bébés prématurés” et “neuf patients en soins intensifs” étaient morts en raison du manque d’électricité à l’hôpital al-Chifa, un immense complexe situé au coeur de la ville.
“Les chars (israéliens) assiègent complètement” cet hôpital où se trouvent “650 patients, une quarantaine d’enfants en couveuse, tous menacés de mort”, avait-il affirmé la veille.
Le vice-ministre a ajouté lundi que “tous les hôpitaux” du nord de la bande de Ghaza étaient désormais “hors service”. Pris dans les combats, les hôpitaux manquent aussi du carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs, dans le territoire assiégé par Israël et privé notamment d’électricité.
Le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha) avait indiqué que 20 des 36 hôpitaux de la bande de Ghaza ne fonctionnaient plus ces derniers jours.
Intenses combats
Israël bombarde sans répit la bande de Ghaza depuis le début de l’opération “Déluge d’Al Aqsa” le 7 octobre, et mène en parallèle depuis le 27 octobre une opération terrestre.
Hier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué sur la chaîne américaine NBC l’éventualité d’un accord pour libérer certains des otages, une condition selon lui à tout cessez-le-feu.
Dans la bande de Ghaza, les bombardements israéliens incessants ont tué depuis le 7 octobre 11.180 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.609 enfants.
Les combats se concentrent au cœur de la ville de Ghaza, dans le nord du territoire, notamment autour de plusieurs hôpitaux.
Selon les chiffres de l’Ocha, environ 15.000 personnes s’entassent sur ce site.
Lundi, l’armée d’occupation a annoncé que ses soldats “continuaient à mener des raids, visant des infrastructures terroristes installées dans des bâtiments gouvernementaux, au coeur de la population civile, y compris dans des écoles, des universités, des mosquées”.
Israël sème le désastre et la mort partout
“Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant”, a déclaré le secrétaire général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
L’Union européenne, usant d’une terminologie minimaliste, a appelé dimanche Israël à une “retenue maximale” pour protéger les civils, faisant sien le récit israélien pour condamner “l’utilisation par le Hamas d’hôpitaux et de civils comme boucliers humains”.
Lundi, les drapeaux étaient en berne sur les bâtiments des Nations Unies à travers le monde, où une minute de silence a été observée en mémoire du personnel de l’ONU tué depuis le début de la guerre.
Outre al-Chifa, la situation reste compliquée dans d’autres hôpitaux, selon Mohammed Zaqout, le directeur des hôpitaux de Ghaza. Des malades “sont dans les rues sans soins”, a-t-il dit, après les “évacuations forcées” de deux hôpitaux pédiatriques, al-Nasr et al-Rantissi.
Un autre hôpital de la ville de Ghaza, al-Quds, a cessé de fonctionner dimanche en raison du manque de carburant et d’électricité, selon le Croissant-Rouge palestinien.
“L’armée israélienne nous a ordonné de sortir de l’hôpital al-Quds ce matin”, a raconté dimanche à l’AFP Islam Chamallah, après avoir fait une douzaine de kilomètres à pied avec sa fille dans les bras, son mari et leurs trois autres enfants qui avancent avec peine.
Le territoire palestinien, où environ 1,6 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre selon l’ONU, est soumis à un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, qui prive la population d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments.
La bande de Ghaza était déjà soumise à un blocus israélien terrestre depuis 2007.
Dans le sud de la bande de Ghaza, près de la frontière avec l’Egypte, des centaines de milliers de déplacés s’entassent dans des conditions humanitaires désastreuses, alors que l’aide internationale peine à entrer depuis Rafah.