Alger-« Le diabète est l’affaire de tous, et non une simple relation médecin/patient. »
C’est là, essentiellement, la plus importante préconisation lancée lors de la conférence-débat de Novo Nordisk, présidée par Amar Tebaibia, président de la Société algérienne de médecine interne (SAMI), intitulée « Les données alarmantes sur l’hécatombe du diabète et ses complications dévoilées par la Fédération Internationale du Diabète (FID) », samedi 7 décembre à l’hôtel El Djazair.
En effet, les intervenants, entre experts, médecins, diabétologues, président d’association, journalistes, ont alerté les différentes institutions de l’Etat sur l’ampleur du diabète, les exhortant à plus de présence.
Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH), doit être plus présent en matière d’accès aux soins au profit des diabétiques. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale (MTESS), en remboursant davantage de produits antidiabétiques. Le ministre de la Jeunesse et des Sports (DJS), outre la disposition des structures sportives, aura à faire plus d’efforts en politique sportive, afin de faciliter l’exercice physique au profit des diabétiques et autres. Le ministre de la Communication (MC), en interdisant la publicité médiatique sur les produits alimentaires trop sucrés. Le ministre du Commerce (MC), aura, lui, a réguler un peu le commerce de la restauration, empli de fast-food servant des repas hypercaloriques et peu recommandables au profit de diabétiques et même d’autres catégories sociales.
Plus de 38 millions de diabétiques entre 2017 à 2019
La conjugaison des efforts à laquelle appellent les intervenants est liée à un fait : la toute récente publication de la 9ème édition de l’Atlas de la Fédération internationale du diabète (FID), disponible en version imprimable ce 4 décembre, au congrès de la FIDA, à Busan, à la République de Corée, mettant en garde contre la hausse des chiffres du diabète dans le monde.
La 9ème édition de l’Atlas (financée par Pfizer-MSD Alliance (dans le cadre des subventions pour l’éducation 2018-2019), et soutenue par Novo Nordisk et Lilly Diabetes), fait référence, notamment, à une hausse estimée à 38 millions d’adultes diabétiques dans le monde par rapport à 2017, 22 millions d’adultes courant un risque de développer un diabète par rapport à 2017, et plus de 3 600 enfants et adolescents atteints de diabète de type 1 par rapport à 2017. En valeur, les dépenses pour le diabète ont augmenté de 33 milliards de dollars, toujours par rapport à 2017.
A l’horizon 2030, un adulte sur 10 sera diabétique, soit un total de 578 millions de personnes, indique l’Atlas, alors que les dépenses de santé liées au diabète, atteindront 825 millions de dollars, selon toujours la même source.
Algérie : doublement des diabétiques d’ici à 2045
Reprenant les chiffres de l’Atlas, le Professeur Nassim Nouri, chef du service d’Endocrinologie – Diabètologie au Centre hospitalier universitaire (CHU) Benbadis de Constantine, dans sa communication « La Pandémie du diabète confirmé par les chiffres la 9ème édition de la FID. », a indiqué que la région du Moyen-Orient et Nord de l’Afrique (MENA),comptant actuellement 55 millions de diabétiques, aura à enregistrer en 2030, 76 millions de diabétiques, et en 2045, 108 millions de diabétiques, soit un taux de hausse de l’ordre de 96%.
« En Algérie, le chiffre de 4 millions de diabétiques recensés actuellement, risque de doubler d’ici à cette échéance. », met en garde le Professeur Nassim Nouri, avant de poursuivre : « Le diabète est une pandémie dont les complications, principalement la pathologie cardiovasculaire, sont difficiles à prendre en charge par aucun pays dans le monde, quelque soit son développement. »
Le Professeur Nassim Nouri, a, toutefois, dans une note d’optimisme, a indiqué que « Sa prévention (complication cardi-vasculair, NDLR), par les médications nouvelles constitue un véritable espoir pour nos patients. »
Coût du diabète : flou toujours !
D’autre part, Amar Tebaibia, président de la SAMI, a révélé que les remboursements de la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) pour le diabète, s’élèvent à 51 milliards de DA, dont 29 milliards de DA pour l’insuline, 14 milliards de DA pour les bandelettes, et 8 milliards de DA pour les AGIO. « Ceci ne détermine pas véritablement, le vrai cout de prise en charge, car les frais d’hospitalisation, de consultation chez le privé et autres ne sont pas comptabilisés. », nuance, pour sa part, Fayçal Ouhadda, président de l’association des diabétiques de la wilaya d’Alger, qui en appelle, à « l’impératif d’améliorer l’accès aux soins pour les diabétiques. »
La conférence-débat de Novo Nordisk, a également vu la participation du Professeur Samia Zekri, service de médecine interne, présidente de la Société algérienne de médecine vasculaire (SAMEV), « Le diabète en Algérie: état des lieux à travers des enquêtes nationales » (nous y reviendrons en détails dans nos prochaines éditions), et le Professeur Moundher Toumi, Université Aix Marseille,« Les contrats innovants : expérience internationale et potentiel application en Algérie. »