Le long métrage espagnol “Loli tormenta” (Loli la tempête) est le dernier film réalisé par Agusti Villaronga, avant son décès en janvier 2023. Lundi 26 février, cette tendre comédie dramatique a été projetée, à la cinémathèque d’Alger, lors de la cinquième soirée des 8ème Journées du film européen en Algérie.
Lola (Susi Sánchez), une grand-mère dynamique, vit dans un quartier périphérique de Barcelone, avec deux enfants, Edgar (Mor Ngom), son préféré, et Robert (Joël Galvez). Des enfants qui n’ont pas où aller après la mort de leur mère, la fille de Lola. Lola les couvre de beaucoup d’affection. Sportive, agile et courageuse, Lola fait aimer aux enfants la course à pied, surtout à Robert. Elle participe elle-même à des compétitions et gagne.
Edgar et Robert sont rejoints par Linet (Maria Anglada Sellarés), une jeune kényane, vivant aussi à la marge de la grande ville européenne. Linet partage la même passion du sport que Lola et provoque la jalousie de Robert. Les deux enfants, en préadolescence, vont devenir de bons amis. Edgar est complice des deux. Cette existence tranquille et d’apparence heureuse est perturbée par les ennuis financiers de Lola dont la modeste maison, hypothéquée, risque d’être reprise par la banque. Petit à petit, les enfants découvrent que leur grand-mère si aimante sombre dans l’alzheimer. Que faire ? Ils ne veulent pas être séparés. Avec Linet, Robert et Edgar montent un stratagème pour protéger Lola des regards des autres et de la cupidité d’un oncle, cruel malgré sa maladie.
La dérive mentale
Agustí Villaronga, qui a coécrit le scénario avec Mario Torrecillas, a couvert son dernier film d’un grand humanisme. Les couleurs de la peau n’existent plus et les différences d’âge absentes. Seule compte, la relation humaine. Lola est maintenue à flots grâce à l’amour de ses enfants, une manière de la remercier de s’être occupée d’eux malgré sa pauvreté.
Le film dévoile toutes les peines de s’occuper d’un malade atteint d’alzheimer. La dérive mentale progressive de la grand-mère est montrée mais avec dignité et la capacité de résilience des trois enfants, Edgar, Robert et Linet, est extraordinaire. Des enfants qui, très tôt, ont compris que la vie n’est jamais facile et qu’il faut surmonter, comme en athlétisme, des dizaines d’obstacles. Robert et Edgar ont été abandonnés par leurs père après la mort de leur mère. Et Linet est venue d’Afrique en quête d’une existence meilleure sans qu’elle ait des attaches familiales”. “Loli tormenta” invite, avec un réalisme délicat, à réfléchir sur toutes ces questions qui se posent à toutes les sociétés, parfois cruellement.