Créer la plus-value de l’agent administratif, prôner une hiérarchie intermédiaire entre la wilaya et le ministère, entamer une décentralisation ou de régionalisation dans son aspect académique, préconiser un système de reterritorialisation avec une attention particulière aux populations disparates dans les zones déshéritées, promouvoir le système national des statistiques, revivifier le recensement général de la population et de l’habitat (en berne depuis 2008)
Telles sont, entre autres, les recommandations sanctionnant ‘’ L’administration publique et le développement socioéconomique : enjeux et défis de la modernisation’’, thème d’une journée d’étude organisée, hier 25 juillet, à l’Ecole nationale d’Administration (Ena).
La journée d’étude est à l’actif du Centre de recherche en économie appliquée au développement (Cread), en collaboration avec l’Ecole nationale supérieure de management (Ensm) et l’Ena.
La pléiade des consultants, professeurs, ex-ministres, anciens magistrats, directeurs d’écoles supérieures, qui se sont relayés sur le pupitre, animant panels et intervenant de la salle, convergent vers un point qui fait consensus : l’Administration algérienne va mal.
La transformation digitale, dont des actions ont déjà été menées, demeure en dépit de son impact sur les facilités procédurières et procédurales, insuffisante pour réussir le développement socio-économique escompté. Elle n’en est pas le seul indicateur d’une modernisation recherchée.
Les consultants proposent
Ali Debbi, professeur et président du comité scientifique de l’Ena, recommande de tabler sur un rôle économique et rentable des administratifs dont tirera profit l’Etat, à condition d’y mettre les moyens matériels nécessaires pour sa motivation et son élan constructif, alors que Azzeddine Belkacem Nacer ‘’Développement et reterritorialisation : quelle (s) opportunités pour la décentralisation de l’administration’’, insiste sur l’importance des ‘’unités sociogéographiques’’, ces populations perchées en haut des montagnes ou dans les coins reculés des régions déshérités, en direction desquelles tout en souhaitant une meilleure reterritorialisation des régions, avec une consolidation et consécration de l’intersectorialité et, surtout, une décentralisation aboutissant à une approche prospective.
Mohamed Chérif Belmihoub, ex-ministre, quant à lui, a rappelé que le projet de décentralisation ne date pas d’aujourd’hui, devant prendre initialement forme d’un établissement public avant d’évoluer vers une collectivité territoriale. Il conditionne son utilité par l’implication indispensable de la société civile.
Quant à Rachid Khelloufi, ‘’l’administration publique dans les constitutions algériennes’’, après avoir défini les missions et les rôles de l’Administration et l’administration, a conclu interrogatif : « l’Administration est-elle au service du citoyen ou au service de l’Etat ? »
Découpage administratif et personnel pléthorique
A notre humble avis, le découpage administratif, obéissant plutôt à des considérations politiciennes que administratives et surtout économiques très fouillées, et la pléthore d’employés recrutés dans le cadre de l’achat de la paix sociale, sont également les deux problématiques à résoudre pour espérer une administration moderne.
‘’New public management’’ : un demi-siècle plus tard
La motivation des organisateurs est fondée sur un nouveau concept : ‘’new public management’’, dont les objectifs est de dépasser toutes les lourdeurs de fonctionnement en œuvre dans les différents services et administrations publics. C’est dire que les options de changement sont minés par mutations mondiales qui, désormais, régissent la gestion publique et la gestion privée, tout on n’en faisant aucune différence. ‘’New public management’’ ou ‘’nouveau management public’’ est un concept dans les années 1970, prônant « une approche pragmatique des problèmes et un meilleur partage des rôles entre :
- le niveau du pilotage (le pouvoir politique qui prend les décisions stratégiques et fixe les objectifs),
- le niveau d’exécution (le pouvoir de l’administration ou du gestionnaire qui prend les décisions opérationnelles). », selon Wikipédia
Triple conventions
La journée d’étude a vu également trois écoles procédé à la signature de conventions entre elles. La première entre l’Ena et l’Ensm, la deuxième entre l’Ena et l’Institut d’économie douanière et fiscale (Iedf), alors que la troisième et dernière a été conclue entre l’Ensm et l’Iedf. Les conventions, visent globalement à renforcer les échanges entre ces organismes et à mettre à profit leurs compétences respectives dans l’objectif commun de valoriser le rôle de l’Homme.
Déclarations :
Abdelmalek Mezhouda, Directeur de l’Ecole nationale d’administration :
« Etablissement d’un fonds documentaire »
« Les deux conventions paraphées entre l’Ena et l’Ensm, d’une part, et l’Ena et l’Iedf, d’une autre, s’inscrivent dans l’optique de renforcer le réseautage entre ces entités, à travers l’organisation de séminaires, journées d’études et rencontres thématiques liées à notre cœur de métier, mais aussi à l’établissement d’un fonds documentaire. D’autant que l’Ena dispose déjà d’un potentiel d’étudiants formés dans la gestion administrative, dont il ne reste que les méthodes de gestion (management), portées par l’Ensm, et les outils très spécifiques (douaniers et fiscaux) qu’offrent l’Iedf, pour que l’évolution soit plus maturée. Aussi, l’Ena a déjà entamé, sous ma tutelle, une qualification du niveau d’admission en revoyant à la hausse la moyenne d’accès (acceptation des licenciés de classe A et classe B), ce qui n’était pas le cas auparavant. C’est dire que ces conventions sont venus structurer et surtout renforcer des actes déjà mis en place, il y a de cela quelques temps. »
Dr Omar Horri, directeur de l’Institut d’économie douanière et fiscale (Iedf) :
« Besoin en évolution vers des pratiques managériales plus académiques »
« La signature des deux conventions, entre l’Ena et l’Ensm, est motivée par le besoin en évolution vers des pratiques managériales plus académiques. Echanges de programmes, d’outils scientifiques et administratifs sont, entre autres, les objectifs visés, notamment, lors de rencontres nationales, régionales et autres. Déjà, l’Iedf, qui vient de fêter ses 40 ans d’existence, collectionne les conventions avec des organismes d’envergure nationale, dont l’Ecole supérieure de commerce (Esc), conclue le 18 juillet dernier, et internationale, tel que le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et GIFT Mena. Je tiens à rappeler que la signature de la convention a emporté l’adhésion du président du Conseil d’administration (PCA), notre partenaire tunisien. »