Les ministres de l’Énergie des pays membres et observateurs du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) ont pris la parole, vendredi 1 mars, au Centre international des conférence Abdellatif Rahal (CIC), à Club des pins, à l’ouest d’Alger, pour expliquer les stratégies de leurs pays.
Cette réunion ministérielle extraordinaire a été présidée par le ministre du Pétrole iranien, Javad Owji, et modérée par le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Javad Owji a estimé que les pays membres du GECF ont réussi à imposer “un Forum de premier plan sur la scène internationale et à renforcer leur position sur la scène énergétique mondiale”.
“Jusqu’à présent, les six sommets du GECF tenus au cours de la vie de cette organisation internationale naissante indiquent un signe fort de convergence, de solidarité et de détermination entre ses membres à poursuivre les objectifs du Forum, dont les premières fondations ont été posées en 2001 à Téhéran (…) La demande en gaz naturel augmentera de 36% d’ici 2050, et d’ici 2025, la part du gaz naturel dans le mix énergétique mondial devrait dépasser celle du charbon. D’ici 2040, le gaz naturel et les énergies renouvelables pourraient améliorer la qualité de l’air et devenir la principale source d’énergie dans le monde”, a-t-il dit.
Selon lui, les développements géopolitiques et régionaux survenus au cours des deux dernières années ont montré que le gaz naturel et son commerce international sont toujours considérés comme un facteur vital pour la sécurité énergétique du monde, et ce, en dépit des mesures prises pour atteindre les objectifs environnementaux.
“Sécurité énergétique”
Javad Owji a critiqué la position de l’Union européenne qui s’est tournée vers sont “vers des politiques non marchandes” telles que le plafonnement des prix. “Cela a empêché le plein fonctionnement du mécanisme de marché. L’Union européenne a pourtant toujours été pionnière en matière de politiques de libéralisation de l’énergie et de déréglementation des marchés du pétrole et du gaz au cours des dernières décennies (…)”, a-t-il dit.
“Le développement de l’industrie gazière dans le monde et la réalisation de la sécurité de l’offre et de la demande de gaz naturel sur les marchés mondiaux nécessitent la paix mondiale et la dépolitisation du commerce de l’énergie. Partant de là, les tensions géopolitiques et l’application de toute sanction unilatérale ou multilatérale sont en contradiction avec les principes et normes du droit international et mettent en péril la sécurité énergétique. Les citoyens ordinaires, notamment ceux des pays en développement, sont victimes de la menace à la sécurité énergétique”, a-t-il prévenu.
Il a appelé les pays membres du GECF à dénoncer “la politique de dépolitisation du marché de l’énergie” et la politique des sanctions. Les Etats-Unis appliquent des sanctions économiques à l’Iran depuis 1995 en raison de la détermination de Téhéran à développer l’énergie nucléaire. “Des sanctions unilatérales, qui entravent non seulement le progrès des pays producteurs, mais également l’agenda environnemental mondial”, a averti le ministre iranien.
Le GECF doit, selon Javad Owji ,améliorer sa position sur les marchés mondiaux du gaz et jouer un rôle plus efficace dans la garantie de la sécurité énergétique mondiale, “une nécessité inévitable pour la croissance et le développement”. Il a appelé à engager une réflexion commune entre membres du Forum aux niveaux “stratégique, managérial et technique”.
“Les plus grandes réserves de gaz naturel”
Les pays du GECF sont, selon le ministre iranien, d’accord que gaz naturel joue un rôle croissant dans la satisfaction des besoins énergétiques du développement durable et de l’ère de transition énergétique,
“Il s’agit de montrer notre responsabilité commune dans la promotion d’un avenir énergétique durable et sûr pour tous. Notre approche, en tant que membre du GECF, qui détient les plus grandes réserves de gaz naturel, est de fournir davantage de gaz naturel au marché mondial, en nous concentrant sur des approches humanitaires et judiciaires, en tenant compte de ses aspects respectueux de l’environnement et en facilitant l’accès à l’énergie pour tous”, a-t-il plaidé.
L’Iran détient 34 000 milliards de m3 de réserves prouvées de gaz naturel, soit 18,3% des réserves mondiales. Au niveau mondial, l’Iran devance la Russie, le Qatar, le Turkménistan et les Etats Unis.
“L’Iran se déclare prêt à toute coopération dans les domaines de l’exploration, du forage, du développement, de l’exploitation et distribution de gaz naturel. La réalisation de cet objectif nécessite la promotion de capacités de gestion stratégique et d’ingénierie technique, qui joueront un rôle de premier plan dans l’encouragement des co-entreprises internationales. Cette stratégie est une stratégie collective et à travers elle, la puissance technologique des pays membres du Forum sera renforcée dans la chaîne de développement de l’industrie du gaz naturel”, a estimé Javad Owji.
Mohamed Arkab, ministre de l’Energie et des Mines, a, lors d’un bref point de presse, dans l’après-midi de vendredi, qualifié de “fructueuse” la réunion ministérielle, “marquée par le langage du dialogue”. “Nous avons discuté de l’industrie du gaz naturel, des nouvelles techniques de production gazière, de l’importance du gaz dans le futur et du rôle du gaz pour accompagner les énergies renouvelables et nouvelles”, a-t-il soutenu.
“La réunion ministérielle extraordinaire de ce vendredi s’est déroulée avec succès dans un esprit positif et constructif qui reflète l’unité et la solidarité des pays membres de notre organisation. Tous les projets de documents qui vont être soumis au sommet (des chefs d’Etat prévu ce samedi 2 mars) ont été adoptés à l’unanimité”, a souligné, pour sa part, Mohamed Hamel, secrétaire général du GECF. Les chefs d’Etat d’Irak, de Mauritanie, de Libye, de Tunisie et du Sénégal sont déjà arrivés à Alger pour participer au sommet du GECF.