Université Blida 1/CREPOCQ : le CRDI-Canada finance un projet des mycorhizes

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Trouver des débouchées industrialisables et commerciales au produit à base de mycorhizes, résultat d’une multiplication réalisée par l’université de Blida 1, précisément par Hichem Messaoudi et Wissam Ait Ouamer, sous la houlette du Professeur Ali Aouabed, dans le cadre d’un projet algéro-canadien, entre l’université de Blida 1 et le Centre d’études des procédés chimiques du Québec ‘’Collège Maisonneuve’’ (CEPROCQ), et financé par le Centre de recherche pour le développement international (CRDI-IDRC). Tel est l’objectif de l’atelier de promotion et de vulgarisation des mycorhizes, qui s’est tenu hier 13 novembre à l’Hôtel Mariott (Bab Ezzouar, Alger).

40 millions de DA pour la promotion des mycorhizes

Le projet de recherche s’inscrit dans le cadre de la contribution à la sécurité alimentaire pour le développement d’agents mycorhiziens endémiques en Algérie. Objectif : promouvoir une agriculture durable dans les zones arides, semi-arides et désertiques, notamment. Il couronne prés de 4 années de collaboration entre les deux partenaires, soutenus financièrement par le CRDI, dont c’est la troisième action envers l’Algérie. Le montant du financement est de l’ordre de 40 millions de DA, injecté partiellement, à raison de 5 millions de DA semestriellement, couvrant les frais inhérents à la recherche lancé par l’équipe pilotée par le Pr Ali Aouabed, et qui a touché, à titre expérimental, les wilayas suivantes : Biskra, Ain Defla, Bouira, Djelfa, Blida, Chlef (prochainement El Oued). Le délai d’achèvement du projet est fixé à avril 2023.

Historique

La génése du projet est simple à relater. Yacine Boumghar, Algérien installé au Québec, où il occupe le poste de PH.D au CREPOCQ, convainc, arguments de l’équipe de recherche de Blida 1 en appui, du bien-fondé de leur projet, innovant et surtout investissant un terrain encore vierge en Algérie. Et aussi d’un précédent victorieux suite à l’utilisation des mycorhizes dans les forèts du Canada.

Marwan Owaygen, Libanais à la tête du CRDI, dira à ce sujet : « le projet a été admis selon l’un des deux de modes de financement préconisés par le CRDI, à savoir, examen en solo par celui-ci (le second mode est une sélection suite à un appel à candidatures). Le financement est un don du CRDI, qui encourage toujours les projets innovants. »

Arguments de l’université de Blida 1

L’université de Blida 1 apportent ces éléments, que nous reprenons tels quels : les mycorhizes sont des associations bénéfiques (symbioses) entre les racines des plantes et des champignons microscopiques du sol. Ces champignons se connectent aux racines et forment un large réseau de filaments microscopiques (hyphes) qui prolonge les racines. Ils apportent de l’eau et des nutriments pour améliorer la croissance et la santé des plantes.

Avec les champignons mycorhiziens arbusculaires (CMA), il est relevé :

  • une augmentation de la résistance aux bioagresseurs aériens,
  • une augmentation de la tolérance à la sécheresse
  • une augmentation de la tolérance aux excès de salinité
  • une inclusion des défenses naturelles de la plante : résistance systémique acquises (signalisation SA et JA)

Grâce à ces champignons, les plantes auront une meilleure croissance et seront plus résistantes face aux stress abiotiques et biotiques (sécheresse, salinité, attaques d’agents pathogènes,…).

Les biointrants à base de mycorhizes endémiques assurent une meilleure qualité des récoltes et des rendements supérieurs par rapport à l’agriculture conventionnelle.

Les rendements des produits mycorhizés (M+) sont les suivants : pomme de terre (+50%), courgette (+41%), tomate (+55%), ail (32%) (le choix des aliments est à titre non exhaustif, est une sélection de notre rédaction).

Les chercheurs ajoutent également que les solutions biologiques de ce projet permettent de :

  • respecter l’environnement et préserver la santé et la sécurité du consommateur,
  • utiliser d’une manière accrue des éléments minéraux et organiques présents dans du sol,
  • économiser de l’eau d’irrigation, engrais et de traitements chimiques.

En sus de cela, « le coût de fabrication des biointrants à base de mycorhizes est très faible par rapport aux engrais chimiques. », tient à ajouter, commercialement parlant.

Yacine Boumghar, présentant le projet vu par le CREPOCQ

Arguments du CREPOCQ 

Pour sa part, le CREPOCQ indique que : « 60 à 90% des fertilisants chimiques conventionnels se perdent dans la nature, et la plante ne bénéficie que de 10 à 40%. La bio-fertilisation utilisant des mycorhizes représente un système bio-actif intégré de gestion des nutriments. Une agriculture plus productive et moins dépendante des engrais minéraux (phosphates)»

Le CREPOCQ a articulé ses motivations sur 4 objectifs spécifiques, axé sur « le développement des inoculants mycrohiziens adaptés aux types et pratiques culturales locales ».

Il s’agit de :

  1. Identifier différentes formulations mycorhiziennes endémiques pouvant offrir des solutions aux problèmes de fertilités des sols dans les bioclimats typiques d’Algérie,
  2. Développer des modèles d’affaires permettant de la production et l’adoption de mycorhizes endémiques en Algérie,
  3. Identifier les conditions pour que ces modèles d’affaire soit viables techniquement et économiquement pour les producteurs et utilisateurs (agriculteurs) de mycorhizes,
  4. Etablir des modèles d’affaire pour la promotion et la dissémination des modèles d’affaire au niveau national.

Temps non rentabilisé

L’atelier sur les mycorhises a duré plus de 3 heures, en présence des parties prenantes au projet (Université de Blida 1, CREPOCQ et CRDI), mais aussi de l’Agence nationale de valorisation des produits de la recherche et du développement technologique (ANVREDET), du Groupe de réflexion Filaha Innov (GRFI), d’anciens ministre et cadres de l’Etat et de quelques investisseurs. A notre humble avis, on ne dira que du temps a été perdu, car l’échange instructif, la diffusion du savoir et la promotion d’actes de recherche ont été au menu. Mais une chose est sure : le temps n’a pas été rentabilisé comme il faut, en se traduisant par l’établissement d’un contrat industriel. Du moins pour le moment.

Le recteur de l’université de Blida 1, Pr Mohammed Bezzina, lors des débats

Déclarations :

Wissam Ait Ouamer, ingénieure à l’université de Blida 1 :

« Notre objectif au lancement du projet est d’atteindre la sécurité alimentaire, notamment en luttant par l’usage des mycorhizes contre l’utilisation des fongicides attentatoires à la santé publique. Le cas du bleu autour des tomates et rouge dans les poires, sont des exemples édifiants de l’usage des fongicides dans les cultures agricoles. »

Ali Aouabad, chef de projet à l’université de Blida 1 :

« Nous avons déjà pu produire 300 kilogrammes de mycorhizes destinés à l’agriculture durable. Nous ne pouvons dire que notre produit soit un substitut définitif aux pesticides, mais il peut le remplacer à hauteur de 40%, et ce qui est sur aussi, c’est qu’il est intégralement Bio. »

Marwan Owaygen, directeur du CRDI Canada : 

« Le CRDI finance sous forme de dons les travaux de recherche. En Algérie, il a eu déjà à intervenir dans deux autres projets stratégiques. »

Yacine Boughmar, PH.D au CREPOCQ (Collège Maisonneuve) :

« Notre enjeu est de lancer des projets de cette envergure en Algérie. Et c’en a été d’ailleurs depuis 2013, par nos incessantes initiatives d’établir des passerelles entre la diaspora et les investisseurs locales. Le but étant d’apporter innovation et compétitivité à l’écosystème algérien. »

 

 


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