Atteindre les 100 millions de dollars d’exportation du safran à l’horizon 2030 : objectif de l’Etat algérien dans le cadre du projet « Prima SaffronFood », touchant six pays, dont l’Algérie, en la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Portugal.
« L’objectif est facile à atteindre, car dans un autre cadre stratégique étalé sur 10 ans, nous visons une superficie à cultiver de l’ordre de 10 000 hectares, correspondant à prés de 250 millions de dollars d’exportation.», indique Mohammed Sif Allah Kechbar, directeur du Centre de recherche scientifique et technique sur les régions arides (Crstra), basé à Biskra.
Penser le safran collectivement et scientifiquement
Ces informations ont été données, aujourd’hui 2 juin, au niveau du Centre de recherche sur l’information scientifique et technique (Cerist), lors de l’Atelier de réflexion pour la mise en place d’une stratégie nationale pour le développement du safran en Algérie et sa commercialisation à l’international, organisé par le CRSTRA et l’Université de Bejaïa en collaboration avec le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread). Finalité : élaborer une série de recommandations, dont la finalisation est prévue pour demain, 3 juin, deuxième et dernier jour de l’Atelier, et la transmettre aux hautes instances de l’Algérie afin de prendre les mesures nécessaires à son application.
Deux groupes de réflexion
Deux groupes de réflexion ont donc été mis en place : stratégie agricole pour le développement du safran et élaboration d’une stratégie commerciale pour le safran. Leur composante multidisciplinaire plaide pour une complémentarité d’avis nécessaires à l’aide à la décision. Il y avait des safraniers, des chercheurs, des représentants des ministères de l’Agriculture et du Développement rural, du Commerce et de la Promotion des exportations, et celui de la Santé. Plusieurs points ont été discutés, nous citerons :
- mettre en ligne un portail pour créer une banque de données des safraniers en Algérie,
- créer une coopérative des safraniers,
- établir la stratégie de commercialisation du safran en identifiant les clients-cibles,
- identifier les sites-pilotes, les contraintes foncières et les possibilités d’investissement ;
- se doter d’un label national du safran.
Dans nos prochaines éditions, nous donnerons une suite au sujet des recommandations émises lors de cet Atelier de réflexion.
Pourquoi le safran ?
Le safran c’est une épice qui est très demandé sur le marché international et qui coûté chère. C’est pour cela que l’Algérie veut conquérir le marché international, les USA et les pays du Golfe étant de potentiels et gros acheteurs. L’Algérie compte actuellement, selon les chiffres communiqués lors de cet Atelier, 250 safraniers, 58 hectares cultivés et prés de 35 à 50 kg à l’échelle nationale.
Mohammed Sif Allah Kechbar, tient également à préciser : « La motivation de développer le safran tient à un détail : le taux de crocine, colorant naturel qui donne la couleur au safran, utilisable dans les industries de transformation (pharmaceutique, cosmétique, compléments alimentaires, bien-être, NDRL), dépasse les 19%, un taux qu’on ne trouve dans aucun safran de par le monde, exception en Iran et seulement dans les safrans de très haute qualité. »
Le safran a également retenu l’attention du Cread, dans le cadre du projet MASSIRE (projet de renforcement des capacités des zones oasiennes et arides du Maghreb).
Ahmed Benmihoub, chercheur au Cread, a révélé que « l’étude sur terrain a montré que le Safran est une plante éco-systémique, créatrice de richesse et génératrice d’emplois, en sus de son rôle avéré dans le développement durable et son abondance en vertus médicinales, traitant des maladies diverses. »
Le safran aiguise-t-il l’appétit des grosses entreprises algériennes?
Ce n’est pas pour rien que de grosses entreprises manifestent, du moins officieusement, leur intérêt pour la culture du safran, en comptant y apporter les ressources financières nécessaires dont ont besoin les safraniers pour augmenter leurs productions et conquérir le marché international, avec à la clé, qualité, quantité et certification du safran. Il s’agit de :
- Sonatrach,
- Cosider,
- Madar Holding.