12 ème Festival international de théâtre de Béjaïa : un spectacle cubain en ouverture pour défendre la cause de la Terre

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“Grise”, un spectacle cubain de la troupe Teatro Tuyo, a été présenté, dans la soirée du samedi 14 octobre, au Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa (TRB), avec le coup d’envoi de 12 ème édition du Festival international de théâtre de Béjaia (FITB).

Le TRB, dirigé actuellement par la comédienne Nidhal El Djazairi, a ouvert de nouveau ses portes, jeudi 12 octobre, après plus de trois ans de fermeture pour travaux de réhabilitation et à cause de la pandémie de Covid-19. La bâtisse, construite en 1936, à l’époque coloniale française, a été touchée par le séisme qui a frappé la région de Béjaïa en mars 2021.
“C’est avec tristesse et le coeur lourd d’une colère contre l’injustice que subit le peuple palestinien depuis des décennies que nous inaugurons notre festival. Tous les conflits qui se déroulent actuellement à travers le monde ont des fondements culturels ne serait-ce que dans la manière de les justifier”, a déclaré, lors d’une allocution d’ouverture, Slimane Benaïssa, metteur en scène, comédien, et commissaire du festival.

Une minute de silence a été observée lors de la cérémonie d’ouverture en hommage aux victimes palestiniennes du bombardement israélien de Ghaza qui se poursuit depuis une semaine. Le drapeau palestinien était visible sur scène à travers une vidéo.

Cuba, pays invité d’honneur

Armando Vergara Bueno, ambassadeur de Cuba à Alger, et dont le pays est invité d’honneur du festival, a parlé “d’un génocide sauvage” commis par Israël à Ghaza, “sous les yeux du monde”.
“A l’heure actuelle, la couleur que voient les enfants palestiniens à Ghaza est le gris de la guerre, de la destruction et de la barbarie. Les enfants du monde ont le droit de voir toutes les couleurs de la terre”, a-t-il dit à propos du spectacle d’ouverture, “Grise” de la troupe Teatro Tuyo.

Un spectacle sans paroles, construit autour du mime, de la gestuelle comique, des petits sons, des marionnettes,  de l’acrobatie, de la danse et de la musique. Une chorégraphie originale a été exécutée accompagnée de la 5ème symphonie de Beethoven, revisitée et mélangée aux sons salsa et boléro.

Trois clowns habillés en gris, portant des valises grises, évoluent dans une atmosphère grise. Ils trouvent une boite jaune-doré. A chaque ouverture de la boite, un phénomène naturel se déclenche, tempête, neige, vent…Les trois clowns découvrent donc un monde qui a disparu. Et si le gris dominait toutes les autres couleurs ?

“Grise” est un spectacle, destiné à tous les publics, pour plaider la cause de la planète Terre, menacée par la surconsommation d’énergie, le gaspillage de l’eau, la pollution des océans et des rivières, l’empoisonnement de l’air, les incendies de forêts, la production agricole massive, les déchets nucléaires, les restes de produits plastiques…les sujets ne manquent pas. Le rôle du théâtre est également d’alerter les consciences lorsque les autres voix se taisent sur l’approche de dangers liés à l’activité humaine.

Le clown ne fait pas uniquement rire

Les choix esthétiques de la troupe Teatro Tuyo, qui est basée dans la ville de Las Tunas, au Centre-est de Cuba, à 593 km de La Havane, est de mettre en valeur l’art du clown comme un outil de sensibilisation à des causes sérieuses, comme celle de défendre une nature saine, débarrassée des pollutions, et un avenir plus rassurant et plus propre pour les jeunes générations. Le clown ne fait donc pas uniquement rire.

“Le gris sera la couleur qui prévaudra sur notre planète Terre, si nous ne prenons pas des mesures efficaces, sinon la polychromie du ciel, de la mer et de la terre disparaîtra et il y a aura un gris triste et monochromatique dont personne ne veut”, a alerté Armando Vergara Bueno.

Le FITB se poursuit jusqu’au 21 octobre avec la participation des troupes venues aussi d’Egypte, de Tunisie, du Sénégal, d’Italie, de Syrie et de Congo-Brazzaville. Les spectacles sont présentés, chaque soir à 19 h, au TRB.
A 16 h, des troupes algériennes présentent des pièces à la Maison de la culture Taous Amrouche. Il s’agit, entre autres, de “El ounwan” (l’adresse) de Bilel Boubred et Hamid Litim du Théâtre régional de Constantine, “Leflouka” (l’embarcation) de Sifeddine Bouha et Sabrina Korichi de Skikda, “Targuith” de Béjaïa et “Naker lahsan” de Youcef Taouint de Koléa.

Des conteurs dans les écoles

“Nous avons sélectionné sept pièces qui ont décroché des prix au niveau national. Des pièces qui seront également présentées dans les localités  d’Akbou, d’Amizour et Sidi Aïche. Nous avons également prévu des masters class sur l’actorat, la mise en scène et l’écriture dramatique pour les jeunes. Des conteurs vont sillonner certaines écoles de Béjaïa”, a indiqué Slimane Benaïssa.

“Cette année, le budget du festival a été revu à la hausse. Nous avons eu le temps de choisir des pièces de qualité. Ce soir, nous avons assisté à une belle performance cubaine. Pour arriver à nous raconter l’écologie de cette manière, c’est fantastique. Tous les enfants d’Algérie devraient voir ce spectacle”, a-t-il ajouté. Le spectacle “Grise”, qui a une version légèrement parlée, a été présenté dans plusieurs pays d’Amérique du Sud.

Slimane Benaïssa a annoncé l’organisation d’un colloque, en collaboration avec le Centre de recherche en langue et culture amazighes de l’université de Béjaïa, les 18 et 19 octobre 2023, sur le thème “Théâtre et résistances”. “Il s’agit d’évoquer notamment le théâtre populaire, la relation de la langue au théâtre(…)  Un festival ne peut pas être dans un lieu restreint. Il faut l’élargir dans la ville. D’où la tenue d’un colloque à l’université, l’organisation de contes dans les écoles, des spectacles dans d’autres espaces que le TRB”, a-t-il souligné. 


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